Hier, 8 août, un communiqué du ministère algérien de la Défense annonçait qu’un «avion militaire, chargé d’une cargaison d’aides humanitaires au profit du peuple sahraoui, a décollé, samedi, depuis la base aérienne de Boufarik à destination de la base aérienne de déploiement à Tindouf».
Bien qu’il s’agisse ici d’un vol strictement interne, reliant deux villes algériennes, de surcroît les bases militaires de Boufarik au nord et de Tindouf au sud-est, le communiqué du ministère de la Défense n’a pas manqué de parler d’«actions de solidarité entre l’Algérie et les pays frères et amis».
Cette aide de l’armée algérienne au profit du Polisario a été en fait indirectement «forcée» par le fait que l’Algérie venait, 48 heures plus tôt, d’envoyer des aides au Liban, dont la capitale, Beyrouth, a été dévastée par une puissante explosion le 4 août dernier. En effet, ne pouvant plus rester à l’écart de l’élan de solidarité internationale avec le pays du cèdre, les autorités algériennes ont dépêché quatre avions et un navire chargés de «denrées alimentaires, de produits médicaux, de matériels médical et pharmaceutique, de lits, de couvertures et de tentes… et de matériaux de construction», selon les médias algériens.
Pourtant, moins de 10 jours plus tôt, soit le 31 juillet dernier plus exactement, les autorités algériennes avaient incité à nouveau un dirigeant du Polisario, chargé de la subdivision du Croissant algérien dans les camps de Lahmada, à réitérer ses interminables SOS en vue de demander d’urgence une aide internationale.
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Or, après avoir été brusquement confrontés à une situation imprévisible qui les a obligés à consentir une importante aide au Liban, les autorités algériennes devaient aussi faire un geste envers le Polisario, qui fait face à une explosion de colère populaire, doublée d’une explosion des cas de contaminations Covid-19.
Des aides ou des miettes? En tout cas, si l’on prend comme base de calcul le recensement algérien, qui parle de 170.000 habitants dans les camps de Lahmada, on en déduit que les 31 tonnes de denrées alimentaires convoyées ce samedi vont permettre à chaque habitant de recevoir une ration individuelles de 182 grammes!
Le poker menteur des aides envoyées au Polisario est ainsi découvert. Car, pour le régime algérien, qui traverse actuellement la plus grave crise multiforme de son histoire, l’aide internationale aux camps de Lahmada reste une priorité puisqu’elle lui permet de réaliser plusieurs objectifs, d’ordre diplomatiques et économiques surtout.
D’une part, les cargaisons d’aides débarquant dans les ports algériens, et censés être convoyées vers les camps de Lahmada pour y être gratuitement distribués, se retrouvent finalement en vente dans des marchés parallèles au niveau des pays voisins de l’Algérie. En servant de moyens d’enrichissement illicite aux dirigeants du Polisario, ces aides permettent ainsi d’alléger les charges sur l’Algérie, dont une bonne partie de la manne pétrolière et gazière est consacrée à entretenir le Polisario au détriment des citoyens algériens eux-mêmes.
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D’autre part, cette aide sert à alimenter la propagande menée par le régime algérien et le Polisario, laquelle vise à présenter les habitants des camps de Lahmada comme des réfugiés que la communauté internationale se doit de soutenir.
Cependant, le tarissement de cette aide internationale, pour l’essentiel d’origine européenne, est révélateur d’une prise de conscience chez les donateurs que leurs actions envers les camps de Lahmada n’ont plus rien d’humanitaire. En effet, en plus d’être massivement détournée par les dirigeants du Polisario, l’aide qu’ils fournissent encourage également l’Algérie et ses protéges à refuser de s’inscrire dans la dynamique de résolution du conflit créé autour du Sahara marocain.