Après 2001, la revendication berbériste fut endormie par les deux partis kabyles, FFS et RCD. N’ayant pas soutenu le mouvement des «Arouch», ils l’asphyxièrent au grand soulagement du «Système».
Puis, durant l’année 2003, le RCD éclata en deux tendances, dont l’une fut récupérée par le «Système», pendant que l’autre, incorruptible, s’étiola jusqu’à disparaître.
Il s’en suivit un immense désenchantement et les militants berbères qui ne voulurent pas renoncer choisirent alors d’abandonner le terrain politique pour mener le combat culturel.
Cette évolution fut en définitive profitable au berbérisme car le domaine de l’histoire, celui qui permet de retrouver ses racines les plus profondes, fut réinvesti. Au mois de février 2003, au centre de la ville de Baghaï, l’association «Aurès El-Kahina» érigea ainsi une statue de la Kahina, la célèbre résistante berbère à la conquête arabe.
Ce retour aux sources fit peu à peu déchirer le voile de la fausse histoire enseignée depuis 1962, les Berbères découvrant alors ce qui se murmurait, à savoir qu’ils sont les «dindons de la farce» de l’indépendance algérienne. Certains allèrent même jusqu’à affirmer qu’avec le FLN, ils avaient subi une nouvelle colonisation dès le départ des Français. Des livres furent publiés qui leur montrèrent comment le mouvement nationaliste algérien, berbériste à ses origines, fut détourné par les profiteurs du FLN et par la cohorte des affidés du «Système».
Enfouis sous le non-dit, les souvenirs de l’éviction des Berbères par les jacobins arabistes du FLN, resurgirent alors avec une grande intensité, comme le montra la polémique qui suivit la parution du livre que Saïd Sadi (2010) –leader du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie) parti kabyle– consacra à Amirouche et qui provoqua un débat d’une grande intensité en Algérie et au sein de la diaspora.
La thèse de l’auteur est en effet au cœur de la problématique et même du contentieux entre les Berbères et le «Système»: le colonel Amirouche, chef emblématique du maquis kabyle et de la wilaya III qui fut tué dans une embuscade, aurait ainsi été donné aux Français par ses rivaux arabes du MALG (Ministère de l’Armement et des Liaisons Générales, le service de renseignement de l’ALN), notamment par Abdelhafid Boussouf et par Houari Boumediene, qui auraient ainsi écarté un dangereux concurrent.
Les héritiers des comploteurs, au pouvoir en Algérie, auraient ensuite effacé sa mémoire du panthéon national algérien afin d’éviter qu’un culte patriotique lui soit rendu.
Aujourd’hui, au lieu d’avoir réussi à faire coaguler les composantes humaines de l’Algérie, la politique du «Système» a tout au contraire abouti à créer une sorte de sécession mentale illustrée lors de l’élection présidentielle de 2019, quand la participation fut quasiment nulle en Kabylie avec 0,001% de votants à Tizi Ouzou et 0,29% à Béjaïa.