La peine de mort pour les violeurs comme au Bangladesh? L'ONU dit non

Michelle Bachelet, la Haute Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

Michelle Bachelet, la Haute Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme. . AFP

Imposer la peine de mort pour les violeurs comme vient de le faire le Bangladesh n'est pas une solution car elle n'a pas d'effet dissuasif, a affirmé la Haute Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.

Le 15/10/2020 à 14h28

Cette mise en garde fait suite à la décision prise cette semaine par le Bangladesh de rendre le viol passible de la peine capitale, après d'importantes manifestations contre les violences sexuelles dans le pays.

"A la suite de nombreux rapports faisant état de viols horribles dans différentes régions du monde ces dernières semaines, notamment en Algérie, au Bangladesh, en Inde, au Maroc, au Nigeria, au Pakistan et en Tunisie, nombreux sont ceux qui se sont indignés à juste titre et demandent que justice soit rendue pour les victimes et que des mesures soient prises pour prévenir les agressions sexuelles", a déclaré Michelle Bachelet dans un communiqué.

"Je partage l'indignation et je suis solidaire avec les survivants et ceux qui demandent justice", a-t-elle ajouté. "Mais en fait", a-t-elle relevé, "il n'y a aucune preuve que la peine de mort dissuade le crime plus que d'autres formes de peine. Il est prouvé que la certitude de la peine, plutôt que sa sévérité, dissuade le crime".

La peine de mort ou les peines comme la castration chirurgicale ne résoudront pas le problème des violences sexuelles ni les nombreux autres obstacles empêchant l'accès à la justice, et ne joueront pas non plus un rôle préventif, souligne encore le communiqué.

En outre, "la peine de mort discrimine systématiquement et de manière disproportionnée les pauvres et les personnes les plus marginalisées, et entraîne souvent de nouvelles violations des droits de l'homme", relève la Haute Commissaire.

Sans compter que la castration chirurgicale viole "l'interdiction absolue de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, prévue par le droit international relatif aux droits de l'homme".

"Aussi tentant qu'il puisse être d'imposer des punitions draconiennes à ceux qui commettent des actes aussi monstrueux, nous ne devons pas nous permettre de commettre de nouvelles violations", a conclu Michelle Bachelet.

Le 15/10/2020 à 14h28