En matière de répression du flux migratoire, deux pays sortent du lot. En Europe, c'est la Hongrie. En Afrique, c'est l'Algérie. Pour le voisin de l'Est, un appel du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme vient d'être lancé pour «qu'il cesse les expulsions collectives de migrants, notamment originaires d'Afrique subsaharienne».
Cet appel, loin d'être le premier, a été lancé mardi 22 mai à Genève à travers Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-commissaire lors d'un point de presse. «Depuis le début de l’année 2018, une campagne d’arrestations, suivies d’expulsions collectives a frappé des migrants originaires de l’Afrique subsaharienne. Alors que les chiffres exacts sont difficiles à obtenir, le nombre de personnes expulsées est estimé à plusieurs milliers», selon Ravina Shamdasani, précisant qu'au début du mois de mai, les services du Haut-commissaire ont déployé une équipe sur le terrain, à la frontière entre le Niger et l’Algérie. Ces experts se sont ainsi rendus à Niamey, Agadez et Arlit où ils ont interrogé 25 migrants expulsés d'Algérie.
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«Il ressort de ces témoignages que les autorités algériennes organisent fréquemment des rafles massives de migrants subsahariens dans diverses localités du pays», précise-t-on.
Des migrants détenus dans des casernesLa même source raconte que trois incidents se sont déroulés à Oran dans la semaine du 8 au 14 avril. A Duira, une banlieue de la capitale Alger, des opérations d’expulsions collectives ont été signalées les 10 et 19 avril alors qu’à Boufarik, des migrants africains ont subi le même sort le 18 avril dernier.
D'après le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, «le modus operandi reste souvent le même: des raids seraient effectués sur des chantiers de construction, ainsi que dans des quartiers connus pour abriter des migrants».
Des migrants ont été même détenus dans des casernes de l'armée algérienne, dans «des conditions inhumaines et dégradantes». Le Haut-commissaire redoute que cette campagne d'expulsions favorise une montée du racisme et de la xénophobie à l'encontre des Africains subsahariens.
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De son côté, le Comité pour les travailleurs migrants demande à Alger «d'éviter le renvoi de force». Il rappelle aussi que l'expulsion collective des migrants, en dehors de toute appréciation individuelle et de procédure légale, est profondément alarmante et qu'elle est contraire aux obligations de l'Algérie en vertu du droit international des droits de l'Homme, notamment la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants que l'Algérie a ratifiée.
«Selon le droit international des droits de l'Homme, les migrants ne doivent pas être soumis à une arrestation ou à une détention arbitraire. Ils ne doivent pas être arbitrairement privés de leurs biens ou documents», a conclu Ravina Shamdasani.
Des migrants abandonnés dans le désertLa BBC revient sur ce traitement inhumain infligé aux migrants par les autorités algériennes. Elle pointe une «nouvelle approche d'expulsion forcée adoptée par Alger et qui a déjà fait des morts». Et de rappeler que l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) dit avoir apporté son soutien à près de 10.000 migrants abandonnés dans le désert depuis septembre.
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La déportation de nombreuses personnes, abandonnées dans le désert dans la chaleur brûlante suscite également l’indignation de Giuseppe Loprete, chef de mission de l'OIM (Organisation internationale de la migration). Ce dernier souligne dans un tweet que «que 343 migrants ont été expulsés par l'Algérie dont 176 hommes, 53 femmes, 114 mineurs».
Selon Loprete, l'Algérie argue sa décision d'expulser les migrants par crainte de l'insécurité et du terrorisme. Or, affirme-t-il, «l'OIM avait trouvé parmi les personnes contraintes de se rendre à la frontière un certain nombre de personnes réfugiées en Algérie».
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