L’armée israélienne a poursuivi dans la soirée du samedi le pilonnage de la bande de Gaza, faisant des dizaines de morts. Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 100 civils ont été tués dans la nuit dans le petit territoire assiégé, pour l’essentiel des femmes et des enfants.
Les craintes s’amplifient face à une possible offensive militaire contre Rafah, petite ville frontalière de l’Égypte où se réfugient plus d’un million de Palestiniens. À quelques kilomètres au nord, Khan Younès est aussi visée par des raids aériens et des tirs d’artillerie incessants, selon un journaliste de l’AFP. La ville est en partie détruite par près de deux mois de bombardements israéliens.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël pilonne sans relâche le petit territoire palestinien, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué 27.238 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 67.000 blessés selon le dernier bilan, samedi, du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 400 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
«Nous sommes épuisés»
La guerre a provoqué un exode massif de la population et plus de 1,3 million d’habitants, selon l’ONU, sur un total de 2,4 millions, sont désormais réfugiés à Rafah, qui comptait quelque 200.000 habitants avant le 7 octobre. Entassées dans des tentes ou des abris de fortune qui envahissent les rues de la ville, où la frontière avec l’Égypte reste fermée, les familles déplacées ont vu les frappes israéliennes se multiplier depuis plusieurs semaines.
«Nous souhaitons que cette guerre prenne fin car nous sommes épuisés. Nous espérons retourner chez nous, même si nos maisons sont en ruines», dit Abdelsalam Abou al-Shaar, qui a fui la ville de Gaza. «Nous sommes des civils sans défense. Pourquoi bombardent-ils tout le monde?».
«La semaine dernière, nous avons échappé à la mort à Khan Younès sans emporter quoi que ce soit. Nous n’avons pas trouvé d’endroit où aller et avons passé les deux premières nuits dans la rue», raconte Abdelkarim Misbah, 32 ans, originaire du camp de Jabaliya (nord).
Rafah, prochain objectif
L’offensive terrestre de l’armée israélienne, lancée le 27 octobre dans le nord de la bande de Gaza, s’est étendue au sud, à Khan Younès, début décembre. Le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant a annoncé jeudi que Rafah était le prochain objectif.
Dans et autour de cette ville, où la densité de la population atteint des sommets, la situation humanitaire et sanitaire demeure critique, suite à quatre mois de siège, sans approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments, en électricité et en carburant. Les aides, bloqués depuis des jours par des manifestants israéliens, passent au compte-gouttes.
Les agences onusiennes et différentes ONG sur place s’alarment de risques de famine et de la propagation de maladies. «Rafah est une usine à désespoir et nous craignons ce qui va se passer ensuite», s’est alarmé vendredi un porte-parole du bureau de coordination des Affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU, Jens Laerke.
Tractations pour une trêve
En parallèle, les tractations se poursuivent pour parvenir à une seconde trêve. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken se rend ce dimanche au Moyen-Orient pour soutenir les discussions. Il doit se rendre au Qatar, en Égypte, en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite.
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, est attendu en Égypte pour discuter d’un projet d’accord élaboré par les médiateurs qatari, américain et égyptien. Selon une source du Hamas, il prévoit d’abord une trêve de six semaines avec la libération de 200 à 300 Palestiniens détenus en Israël en échange de 35 à 40 otages.
Osama Hamdan, spokesperson for Hamas, says they've received draft general framework for a truce in Gaza & their response depends on progress in negotiations with Israel pic.twitter.com/lhEQhCgvSm
— TRT World Now (@TRTWorldNow) February 4, 2024
À Beyrouth, un responsable du mouvement palestinien, Oussama Hamdane, a souligné qu’il était prématuré de parler d’un accord sur une trêve. Le projet «est un accord-cadre qui a besoin d’être étudié», a-t-il dit. Le Hamas exige un cessez-le-feu définitif, refusé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu malgré la pression croissante des proches d’otages et de la communauté internationale.
Nouvelles frappes américaines
À la frontière israélo-libanaise, les échanges de tirs sont quotidiens entre le Hezbollah, un allié du Hamas, et l’armée israélienne. Ailleurs dans la région, la Syrie et l’Irak ont dénoncé des frappes meurtrières menées contre des groupes pro-Iran sur leurs territoires par les États-Unis, en représailles à une attaque contre une base militaire américaine en Jordanie, le 28 janvier, qui a coûté la vie à trois soldats.
Samedi, les États-Unis, principal soutien d’Israël, ont procédé à de nouvelles frappes au Yémen, ciblant des installations des rebelles Houthis, qui multiplient les attaques afin de bloquer, en soutien à Gaza, le trafic maritime en mer Rouge.