Gaza: nouvelles frappes israéliennes, sur fond de reprise des discussions sur une trêve

Un enfant palestinien au milieu des décombres d'un bâtiment détruit par un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 mai 2024. AFP or licensors

Les discussions doivent reprendre dimanche au Caire autour d’un accord de une trêve dans la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien. Cindy McCain, directrice du Programme alimentaire mondial, s’est alarmée de voir le nord de Gaza frappé par une véritable famine, qui progresse vers le sud.

Le 05/05/2024 à 08h27

De nouvelles frappes israéliennes ont visé la bande de Gaza et notamment Rafah, faisant 32 morts et des dizaines de blessés ces dernières 24 heures, essentiellement des civils selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien Hamas.

Samedi, une délégation du Hamas dirigée par Khalil al-Hayya a eu un premier round de discussions au Caire avec les médiateurs qui attendaient la réponse du mouvement palestinien. Il n’y a eu «aucune évolution» et de nouvelles discussions sont prévues dimanche, a indiqué un responsable du mouvement palestinien.

Un haut responsable israélien a affirmé, sous couvert de l’anonymat, que des signes de progrès seraient visibles si le chef du Mossad David Barnea emmenait une délégation israélienne au Caire. Selon lui, «des négociations longues et difficiles sont à attendre pour parvenir à un réel accord». Selon le site américain Axios, le chef de la CIA, William Burns, se trouve dans la capitale égyptienne.

Le Hamas accuse le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’entraver tout accord en voulant lancer un assaut à Rafah, alors qu’un responsable israélien a, à son tour, affirme que le mouvement palestinien bloquait tout accord en insistant sur son exigence d’un arrêt de la guerre. L’offre des médiateurs (Égypte, Qatar, États-Unis) présentée fin avril au Hamas prévoit une trêve associée à une libération de prisonniers palestiniens contre celle d’otages.

Vendredi, le Hamas avait indiqué aller au Caire dans un «esprit ouvert», tout en insistant sur ses exigences: «un arrêt total de l’agression» israélienne et «le retrait» des forces israéliennes de Gaza, conditions rejetées par Israël.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis 7 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 34.654 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 78.000 blessés, selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, environ 500 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

En soirée, des milliers de personnes, dont des proches d’otages, ont manifesté à Tel-Aviv pour réclamer au gouvernement Netanyahu la conclusion d’un accord de trêve permettant le retour des otages. Une pancarte ornée du portrait de M. Netanyahu indiquait: «C’est vous qui sapez tout accord».

«Au-delà de l’acceptable»

Alors que les efforts et appels en vue d’une trêve se multiplient, Benjamin Netanyahu ne cesse de déclarer son intention de mener une offensive terrestre sur Rafah, soulignant qu’il lancerait cette offensive «avec ou sans accord» de trêve. Pour Hossam Badran, membre du bureau politique du Hamas, les menaces de M. Netanyahu contre Rafah «visent clairement à faire échouer toute possibilité d’accord».

Les États-Unis, principal allié d’Israël, ont maintes fois manifesté leur opposition à un assaut sur cette ville, où s’entassent 1,5 million de Palestiniens d’après l’ONU, la plupart déplacés par les opérations militaires israéliennes.

Les États-Unis ne peuvent soutenir une telle opération «car les dommages qu’elle causerait seraient au-delà de ce qui est acceptable», a affirmé le secrétaire d’État Antony Blinken, alors que le mouvement étudiant contre l’offensive israélienne se poursuit dans plusieurs pays dans le monde.

«La famine est là»

Rafah, située à la frontière fermée de l’Égypte, est le principal point de passage terrestre de l’aide humanitaire. Une offensive serait «un coup dur pour les opérations humanitaires dans l’ensemble de la bande de Gaza», a averti le Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU.

L’aide internationale, strictement contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes dans la bande de Gaza et reste très insuffisante pour répondre aux besoins des quelque 2,4 millions de Gazaouis.

«Quand vous avez des conflits de ce type, où tant de choses se passent, la famine arrive», a indiqué la directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) Cindy McCain, selon un extrait d’un entretien diffusé vendredi par la chaîne NBC. À Gaza, «la famine est là, une véritable famine dans le nord, et qui se déplace vers le sud», a-t-elle dit, réclamant de nouveau un cessez-le-feu et la possibilité pour le PAM «de disposer d’un accès sans entrave afin d’entrer» à Gaza pour délivrer de l’aide humanitaire.

Par Le360 (avec AFP)
Le 05/05/2024 à 08h27