Gaza: l’Égypte forme des centaines de policiers palestiniens en prévision de l’après-guerre

Les autorités de Gaza déploient des forces de police après le retrait de l'armée israélienne de la zone de Falaja, dans le nord de la bande de Gaza, alors que les attaques israéliennes se poursuivent. (Photo: Fadi Alwhidi - Agence Anadolu)

L’Égypte forme actuellement des centaines de policiers palestiniens dans l’objectif qu’ils intègrent, à terme, une force de maintien de l’ordre dans la bande de Gaza une fois la guerre terminée, a appris l’AFP auprès d’un responsable palestinien.

Le 30/11/2025 à 06h33

La mise en œuvre d’un plan de formation pour 5.000 policiers palestiniens avait été annoncée en août par le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, lors d’une rencontre avec le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa.

Après de premières sessions en mars au Caire pour plus de 500 membres de la police, ces formations de deux mois ont repris depuis septembre pour des centaines d’autres participants, a indiqué à l’AFP le responsable palestinien, sous couvert de l’anonymat.

«Nous voulons un arrêt permanent de la guerre (...) et sommes impatients de servir notre pays et nos concitoyens», a dit à l’AFP un policier palestinien de 26 ans, s’affirmant «très heureux» d’y avoir participé.

Il souhaite la création d’une force de sécurité «indépendante, loyale uniquement à la Palestine et qui ne serait pas soumise à des alliances ou objectifs extérieurs».

Les stagiaires sont appelés à faire partie d’une force de 5.000 policiers, tous Gazaouis, rémunérés par l’Autorité palestinienne qui siège à Ramallah, en Cisjordanie occupée, a précisé le responsable palestinien.

«Nous avons reçu une formation opérationnelle remarquable, avec des équipements modernes pour la surveillance des frontières», a témoigné un lieutenant palestinien ayant également requis l’anonymat pour des raisons de sécurité, comme les autres personnes interrogées par l’AFP.

«Rêve de création» d’un État

Cet officier, qui a quitté Gaza avec sa famille en 2024, a indiqué avoir suivi des cours centrés sur les «conséquences» de l’attaque du Hamas en Israël du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, et ses « dégâts » pour la cause palestinienne.

L’accent a également été mis sur le rôle de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en tant qu’unique représentant légitime des Palestiniens, et sur la «protection du rêve de création» d’un État palestinien.

Un haut responsable sécuritaire de l’Autorité palestinienne a confirmé que son président, Mahmoud Abbas, avait donné instruction au ministre de l’Intérieur, Ziad Hab al-Reeh, de se coordonner avec l’Égypte pour former de nouvelles forces de sécurité pour Gaza.

Lors de discussions parrainées par l’Égypte fin 2024, les mouvements palestiniens — dont les deux principaux, le Hamas et le Fatah de M. Abbas — étaient convenus du principe d’une force d’environ 10.000 policiers: 5.000 formés par l’Égypte et autant issus de la police de Gaza, sous l’autorité du Hamas depuis 2007.

L’accord prévoit que cette force soit supervisée par un comité de technocrates, approuvé par les mouvements palestiniens, chargé d’administrer la bande de Gaza à l’issue de la guerre.

Un haut cadre du Hamas a confirmé à l’AFP que le mouvement islamiste soutenait «les détails liés à la sécurité et à la gestion de la bande de Gaza» convenus lors de ces échanges.

Le plan du président américain Donald Trump, qui a permis l’entrée en vigueur le 10 octobre d’un fragile cessez-le-feu à Gaza, aborde aussi ce volet.

Accord israélien?

Endossé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU le 17 novembre, il prévoit le déploiement d’une force internationale dans le territoire palestinien, notamment chargée de la démilitariser et de sécuriser les frontières avec Israël et l’Égypte.

Il faudra ensuite assurer de façon pérenne la sécurité du quotidien à Gaza.

Parallèlement au programme égyptien, l’Union européenne envisage aussi de former jusqu’à 3.000 policiers à Gaza, comme elle le fait en Cisjordanie occupée depuis 2006, a indiqué à l’AFP un responsable européen mi-novembre.

Mais beaucoup de questions demeurent. Un responsable du Hamas a dit à l’AFP s’interroger sur la possibilité d’un accord avec Israël sur les prérogatives d’une force de police à Gaza.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu refuse que le Hamas ou l’Autorité palestinienne jouent le moindre rôle après-guerre.

Dans ce territoire dévasté par le conflit, des journalistes de l’AFP ont constaté que le Hamas maintient des hommes armés pour assurer la circulation ou recueillir des plaintes d’habitants, assurant de fait une forme de maintien de l’ordre.

Le mouvement a fait savoir ne plus souhaiter jouer un rôle dans la gouvernance de Gaza. Mais en soulignant qu’il ne comptait pas disparaître et restait, de fait, une composante centrale de la vie politique palestinienne.

Sur l’épineuse question de son désarmement, le Hamas a dit ne pas être opposé à rendre une partie de son arsenal mais uniquement dans le cadre d’un processus politique palestinien.

Par Le360 (avec AFP)
Le 30/11/2025 à 06h33