Le porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus, a confirmé mardi matin que «les troupes israéliennes se trouvent dans différentes parties du nord de la bande de Gaza». «Nous avons fait entrer des véhicules lourdement blindés, des chars, des véhicules blindés de combat, des bulldozers», a-t-il ajouté, ajoutant comprendre que «la situation (humanitaire) est difficile mais ce n’est pas de notre fait».
L’offensive israélienne a été déclenchée en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre. Elle met à très rude épreuve les 2,4 millions d’habitants de Gaza, territoire exigu sous blocus israélien depuis 2007, et soumis à des bombardements sans discontinuer depuis le 9 octobre et à un «siège complet» qui prive les Palestiniens d’eau, de nourriture et d’électricité.
«La poignée de convois autorisés via Rafah n’est rien comparé aux besoins de plus de 2 millions de personnes piégées à Gaza», a dénoncé le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini, réclamant un «cessez-le-feu humanitaire immédiat, devenu une question de vie ou de mort pour des millions de personnes». Pour Washington, allié d’Israël, un cessez-le-feu n’est pas «la bonne réponse pour l’instant», a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, qui préconise plutôt des «pauses humanitaires».
Des tonnes d’aide bloquées
Des tonnes d’aide s’entassent au poste-frontière de Rafah, séparant l’Égypte de Gaza, en attendant d’être inspectées par Israël, selon un responsable américain ayant requis l’anonymat. Seuls 117 camions d’aide sont arrivés depuis le 21 octobre à Gaza, selon le dernier décompte de l’ONU.
Depuis le 7 octobre, 8.306 personnes, majoritairement des civils, dont plus de 3.000 enfants, ont été tuées par les bombardements israéliens, selon les autorités locales. «Près de 70% des personnes tuées sont des enfants et des femmes. Il ne peut s’agir de “dommages collatéraux”», a déploré M. Lazzarini.
La situation des hôpitaux inquiète aussi, alors que des milliers de civils s’y sont réfugiés. Le Croissant-Rouge palestinien a fait état mardi de nouvelles frappes aux abords de l’hôpital al-Quds. «Le bâtiment tremble et les civils déplacés ainsi que les équipes au travail sont en proie à la peur et à la panique», a-t-il écrit sur X.
À Gaza, les médecins «opèrent à même le sol» et pratiquent des césariennes ou des «amputations de gamins sans anesthésie» du fait du manque de médicaments, a dénoncé lundi Médecins du monde (MDM). En raison d’un manque d’eau potable, «les gens boivent de l’eau de mer, les gens de mon équipe ont des diarrhées, leurs gamins dans quelques jours seront déshydratés», a ajouté le vice-président de l’ONG, Jean-François Corty.
Une otage libérée
En Israël, selon les autorités, plus de 1.400 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées le jour de l’attaque du Hamas le 7 octobre, et dont et 238 otages et prisonniers sont encore retenus à Gaza. L’une d’entre elles, une militaire, a été libérée lors d’une opération terrestre, avait annoncé l’armée israélienne lundi.
Lundi, l’armée israélienne a assuré avoir frappé en 24 heures «600 cibles» du Hamas et avoir tué «des dizaines» de ses combattants. Les frappes israéliennes se sont poursuivies dans la nuit de lundi à mardi dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza, selon l’agence palestinienne Wafa. En Cisjordanie occupée, plus de 120 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats et de colons israéliens, d’après le ministère de la Santé local.
Frappes israéliennes en Syrie et au Liban
L’armée israélienne a annoncé avoir mené des frappes aériennes en Syrie, en réponse à des tirs de roquettes, ainsi qu’au Liban, où elles visaient le mouvement chiite Hezbollah, allié du Hamas, alors que la communauté internationale redoute un embrasement régional.
Dans un entretien lundi avec l’AFP, le Premier ministre libanais Najib Mikati a assuré que son pays faisait tout son possible pour ne pas être entraîné dans le conflit. «Je crains qu’une escalade n’englobe toute la région», a-t-il dit.