Gaza: Israël poursuit son offensive, Washington menace de bloquer un nouveau vote au Conseil de sécurité sur une trêve

De la fumée s'élève au-dessus des bâtiments lors d'un bombardement israélien au sud de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, près de la frontière avec l'Égypte, dans la nuit du 17 février 2024.. AFP or licensors

Alors que l’armée israélienne poursuit ses bombardements sur Khan Younès et Rafah, les perspectives de cessez-le-feu à Gaza s’éloignent, les négociateurs qataris se disant pessimistes quant à la possibilité d’une trêve. Les États-Unis menacent de bloquer un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU.

Le 18/02/2024 à 07h56

Conçu après la décision fin janvier de la Cour internationale de justice, qui a appelé Israël à «empêcher tout acte éventuel de génocide à Gaza», un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU «exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat qui doit être respecté par toutes les parties» et «refuse le déplacement forcé de la population civile palestinienne», selon sa dernière version vue par l’AFP. Demandant également la libération de tous les otages emmenés à Gaza durant l’attaque du 7 octobre, le texte devrait être présenté au vote le mardi 21 février.

Les États-Unis ont déjà agité la menace d’un véto comme lors de précédents votes mi-octobre et début décembre malgré la pression de la communauté internationale face à la crise humanitaire à Gaza. «Si on en arrivait à un vote sur le projet actuel, il ne serait pas adopté», a indiqué leur ambassadrice à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, dans un communiqué.

Samedi à Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé son intention de lancer une offensive terrestre à Rafah, malgré les vives inquiétudes exprimées dans le monde, y compris par l’allié américain, pour les civils, la plupart des déplacés, dans cette ville située à la frontière fermée avec l’Égypte.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a, selon ses services, répété «la position catégorique de l’Égypte de rejeter le déplacement des Palestiniens vers (son territoire, ndlr) sous n’importe quelle forme». Ces derniers jours, une ONG égyptienne et le Wall Street Journal avaient rapporté que l’Égypte construisait dans le Sinaï un camp fermé et sécurisé destiné à accueillir des réfugiés palestiniens en cas d’offensive israélienne sur Rafah.

Des négociations impliquant depuis des semaines les médiateurs égyptien, américain et qatari pour obtenir une trêve entre le Hamas et Israël incluant un échange entre otages israéliens et prisonniers palestiniens, ont eu lieu ces dernières semaines.

Des négociations «pas été très prometteuses»

Les négociations n’ont «pas été très prometteuses ces derniers jours», a dit le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani à Munich. Mais «nous ferons de notre mieux pour nous rapprocher» d’un accord, a-t-il ajouté.

Le Hamas a menacé de quitter les pourparlers à propos d’une éventuelle trêve si «une aide (humanitaire) n’était pas acheminée dans le nord de Gaza». Son chef Ismaïl Haniyeh a répété que son mouvement exigeait un cessez-le-feu et le retrait israélien de Gaza dans le cadre des négociations. Des conditions rejetées plusieurs fois par Israël, dont l’offensive d’envergure à Gaza a rasé des quartiers entiers, déplacé 1,7 million des 2,4 millions d’habitants et provoqué une crise humanitaire catastrophique selon l’ONU.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 4 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué près de 28.985 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait 68.883 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 400 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Après avoir mené depuis le 7 octobre des bombardements incessants contre le Territoire palestinien assiégé de 362 km2, l’armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza avant de l’étendre au sud. Ses soldats concentrent depuis des semaines leurs opérations à Khan Younès, notamment sur l’hôpital Nasser, le dernier grande structure sanitaire alors encore en fonctionnement dans la bande de Gaza, et où se réfugiaient des milliers de déplacés palestiniens.

Situation «catastrophique»

Dans cet hôpital, désormais investi par l’armée israélienne, six malades dont un enfant sont morts depuis vendredi à cause de coupures d’électricité, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les organisations internationales ont exprimé leur inquiétude, dont l’ONG Médecins sans Frontières, qui a qualifié de «catastrophique» la situation dans l’hôpital.

Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, l’armée israélienne a également mené des opérations samedi soir dans plusieurs endroits en Cisjordanie occupée, y compris dans la ville de Hébron et près de Bethléem et Jénine. Aucune victime n’a été signalée.

Risque de famine

Environ 1,4 million de personnes, soit plus de la moitié de la population gazaouie, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises, s’entassent à Rafah, transformée en gigantesque campement. Rafah est en outre le principal point d’entrée de l’aide humanitaire depuis l’Égypte, contrôlée par Israël et insuffisante pour répondre aux besoins d’une population menacée par la famine et les épidémies et plongée dans une crise humanitaire majeure, sans approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments, en électricité et en carburant.

Alors que de nouvelles aides sont arrivées samedi, l’ONU a averti que les habitants de la bande de Gaza risquaient la famine. «Nous n’allons pas mourir à cause des bombes, mais de faim», a lancé Mohammed Nassar, un Palestinien de 50 ans, de Jabaliya dans le nord de Gaza.

À l’étranger, des manifestations de solidarité avec les Palestiniens, rassemblant des centaines de milliers de personnes, ont eu lieu dans plusieurs villes dans le monde, dont Rome, Londres, Stockholm, Istanbul et Mexico.


Par Le360 (avec AFP)
Le 18/02/2024 à 07h56