France: la police municipale désormais largement armée en banlieue parisienne

Des agents de la police municipale française. (Photo: SIPA)

L’armement des polices municipales, remis en question par La France insoumise à un an des élections municipales, s’est largement généralisé au sein des communes franciliennes, tous bords politiques confondus. Une dynamique inverse de celle de la capitale, Paris, qui dispose d’une importante force municipale non armée.

Le 11/07/2025 à 07h03

Interrogée dimanche sur BFTMV, la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, a estimé qu’ «une police municipale de proximité n’a pas besoin d’être armée», déclenchant un tollé au sein de la classe politique.

Jusqu’en 2022, la police municipale de Cergy n’était pas équipée d’armes létales. Mais lorsque la ville-préfecture du Val-d’Oise a voulu constituer une brigade de nuit non armée, aucune candidature ne s’est manifestée.

«Alors j’ai pris la décision que la police municipale de nuit serait armée. Et une fois que j’ai mis l’armement, j’ai pu constituer ma brigade de tranquillité nocturne sans problème», raconte à l’AFP le maire socialiste Jean-Paul Jeandon.

Par capillarité, les brigades de l’après-midi ont ensuite réclamé le droit de porter une arme dès 13h. Sans imposer d’obligation, la municipalité a laissé aux agents le libre choix. La grande majorité a opté pour l’armement.

«Au départ, je considérais qu’il n’y avait pas de nécessité d’armement. C’est pourquoi, pendant quasiment vingt ans, la police municipale n’était pas armée. Mais on assiste à une montée des incivilités du quotidien qui fait que les policiers municipaux ont un métier à risques. C’est surtout pour leur sécurité», estime M. Jeandon.

Sous l’autorité directe du maire — contrairement à la police nationale, qui dépend du ministère de l’Intérieur — les policiers municipaux ne peuvent interpeller une personne hors flagrant délit, ni procéder à des contrôles d’identité ou à la fouille d’un véhicule sans avoir constaté une infraction.

À Saint-Denis, principale commune de Seine-Saint-Denis, le renforcement et l’armement de la police municipale figuraient parmi les promesses de campagne du socialiste Mathieu Hanotin, élu en 2020 à la tête de ce bastion historique de la gauche radicale.

Jadis cantonnée à des fonctions administratives, la police municipale dionysienne est désormais engagée dans la sécurisation de l’espace public, avec un fonctionnement en continu, 24 heures sur 24.

«Ne jamais faire usage»

Les effectifs ont triplé en six ans, passant de 40 à 120 agents, en parallèle du déploiement massif de caméras de vidéosurveillance et de l’armement. Une politique sécuritaire vivement critiquée par l’opposition municipale.

«Avec LFI, c’est de facto la fin des polices municipales, du moins celles qui participent au continuum de sécurité. Cette position pour moi est complètement archaïque, elle nie les évolutions sur la réalité du terrain», fustige M. Hanotin, qui demeure cependant favorable à laisser à chaque maire la liberté d’armer ou non ses forces.

«L’armement des polices municipales, qui n’allait pas de soi historiquement, s’impose désormais comme une évidence pour une large majorité des communes», notait en mai un rapport d’information sénatorial.

Selon ce même rapport, basé sur les données du ministère de l’Intérieur, le nombre d’agents de police municipale est passé de 15.765 en 2012 à 21.772 en 2023. La proportion d’agents armés, elle, reste stable et élevée: autour de 80%.

«Être dissuasif»

À l’instar de Saint-Denis, la ville d’Aubervilliers a également fait de l’armement un axe central de sa stratégie de sécurité.

Élue en 2020 sous la bannière UDI, Karine Franclet a renforcé les effectifs et les équipements d’une police municipale qu’elle jugeait alors moribonde. Objectif assumé: répondre «à une énorme demande de sécurité de la part des habitants (…), pas pour être dans un délire ultra sécuritaire».

En cinq ans, la police municipale d’Aubervilliers a fait usage à deux reprises de son arme de service.

La première fois, contre un conducteur en fuite. La seconde, en juin 2024, a conduit à la mort d’un homme de 47 ans, sans domicile fixe, tué par balle au thorax après avoir agressé au tournevis un agent de propreté et un policier municipal.

«L’objectif est surtout de ne jamais faire usage de l’arme», affirme Mme Franclet.

«Être dissuasif», résume l’édile de cette ville populaire limitrophe du XIXème arrondissement de Paris, qui insiste: ses agents «ne sont pas des cowboys».

Par Le360 (avec AFP)
Le 11/07/2025 à 07h03