Après plusieurs mois de crise avec le régime d’Alger, caractérisés par l’arrestation abusive de l’écrivain et essayiste franco-algérien Boualem Sansal le 16 novembre 2024, puis par les appels à commettre des actes de violence sur le territoire français lancés par des influenceurs algériens, et enfin par le refus des autorités algériennes d’accepter ses ressortissants faisant l’objet d’obligation de quitter le territoire français (OQTF), l’appel à durcir le ton à l’égard de l’Algérie a fait son chemin dans les rangs des différentes formations politiques, appelant à mettre en œuvre les différents moyens de pression dont dispose la France, tant économiques que diplomatiques.
De Marine Le Pen à Jordan Bardella, figures du Rassemblement national (RN, extrême droite), en passant par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, au Premier ministre François Bayrou et jusqu’à François Hollande, ancien président de la République, actuellement député à l’Assemblée nationale et acteur central au sein du Parti socialiste… le pouvoir militaro-policier algérien a réussi l’incroyable pari de mettre d’accord toute (ou presque) la classe politique française.
Ainsi, bien que le régime d’Alger se dise victime d’une «cabale» menée à son encontre par «une extrême droite revancharde et haineuse», accusée d’attiser le feu de cette crise franco-algérienne -position qui témoigne en réalité d’une véritable fuite en avant, il n’en demeure pas moins que ses provocations durant ces derniers mois ne sont plus justifiables, pas même aux yeux d’une certaine gauche, dont François Hollande s’est fait le porte-parole dans une interview accordée à la chaîne d’information BFM TV le vendredi 28 février.
«L’Algérie n’a pas accepté ce qu’elle devait néanmoins adopter, c’est-à-dire de faire en sorte que ceux qui n’ont rien à faire sur le territoire français, et qui sont des ressortissants algériens, puissent disposer, pour être reconduits et ensuite admis sur le territoire algérien, d’un laissez-passer consulaire», a-t-il ainsi expliqué.
«Ce n’est pas une situation nouvelle, mais c’est une situation qui a beaucoup choqué compte tenu des évènements de ces derniers jours», a-t-il poursuivi, faisant référence au dernier cas en date, celui d’un ressortissant algérien en situation irrégulière en France, placé sous OQTF et ayant fait l’objet de 10 refus d’accueil de la part de son pays d’origine, avant de commettre le 22 février un attentat au couteau, faisant un mort et cinq blessés.
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«Donc oui, il faut être ferme! Mais avec l’Algérie, il faut aussi dialoguer, car à un moment, il faut trouver une issue. Il faut montrer qu’on n’accepte pas un certain nombre de choses qui ne sont pas compatibles avec le droit, y compris avec nos traités (…) Ce que je veux, c’est que des ressortissants algériens qui n’ont rien à faire sur le territoire français, et qui peuvent être un danger, puissent retourner en Algérie et avoir les sanctions éventuelles ou les accueils nécessaires», a-t-il ainsi souligné.
Une position qui emboîte le pas à celle affirmée la veille par François Bayrou, dans les colonnes du Figaro, ou encore devant le comité interministériel de contrôle de l’immigration, le 26 février, le Chef du gouvernement français ayant fixé un ultimatum de 4 à 6 semaines à Alger pour respecter les accords bilatéraux, eu égard aux nombreuses facilités dont dispose l’Algérie, notamment en matière de visas.
«Il faut affirmer ces positions (celles de la France). De ce point de vue, c’était légitime de rappeler ce que sont les traités et le droit et ensuite dire: “nous devons nous parler”», a ainsi appuyé François Hollande, rappelant que «la diplomatie fait aussi partie de ce que doivent être les rapports entre des États souverains, indépendants et liés par l’histoire».
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«Au-delà de ce que nous pouvons affirmer, exiger même, et de ce que nous avons comme reproches à faire, notamment sur le cas de l’écrivain (Boualem Sansal) qui est détenu dans des conditions insupportables, nous devons dire que nous sommes disposés à dialoguer, mais avec le respect que nous devons exiger», a conclu l’ancien président qui, encore une fois, s’aligne sur la position de la majorité de la classe politique française s’agissant de la libération de l’écrivain franco-algérien.
Ainsi, dans son grand entretien avec Le Figaro, le 27 février, François Bayrou a laissé entendre que la libération de Boualem Sansal, âgé de 80 ans et souffrant d’un cancer de la prostate, faisait partie des revendications de la France conditionnant un retour à la normale entre les deux pays et représente, à ce titre, une composante essentielle de l’ultimatum lancé par la France au régime d’Alger.








