Il figure parmi les principaux acteurs de la lutte du peuple kabyle pour son autodétermination et est présenté comme le numéro 2 de Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, présidé par Farhat Mhenni et dont les militants en vue sont en exil, notamment en France. Et c’est en France justement qu’Aksel Bellabbaci a été convoqué par la police et placé, le jeudi 20 juin, en détention à Paris. Ceci, à la demande du régime d’Alger qui réclame la tête du militant, et qui qualifie le MAK, un mouvement pacifiste à l’extrême, de «terroriste». Le cas d’Aksel Bellabbaci devrait être abordé lors d’une prochaine audience à la chambre des extraditions de la cour d’appel de Paris.
Établi dans l’Hexagone depuis de nombreuses années et dans l’attente d’un statut de réfugié politique, il faisait néanmoins l’objet d’un mandat d’arrêt international émis à son encontre par Alger, qui l’accuse d’être impliqué dans les incendies de forêt de 2021.
«Selon les informations communiquées jusqu’à présent, Bellabbacci a répondu à une convocation de la police de Paris et a été placé en garde à vue à la suite d’un mandat d’arrêt international émis contre lui par l’Algérie. Le mandat d’arrêt cite son implication présumée dans les incendies de forêt de 2021 qui ont dévasté des milliers d’hectares en Kabylie et coûté la vie à plusieurs centaines de personnes», explique le MAK dans un communiqué parvenu à Le360.
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Bellabbaci, 41 ans, bras droit de Ferhat Mehenni, ne s’est pas rendu en Algérie depuis août 2019. Il fait partie des six membres du MAK classés «terroristes» par les autorités du pays, selon un arrêté publié au journal officiel en février 2022. Il a fait l’objet de plusieurs condamnations par contumace en Algérie, notamment à la prison à perpétuité en novembre 2022 et à 20 ans ferme en juillet 2023.
53 condamnations à mort
Si elles ont coûté la vie à des centaines de personnes en Kabylie, les incendies de forêt de 2021 avaient surtout montré la grande incompétence des autorités algériennes en matière de secours et leur totale indifférence à l’égard d’une zone sinistrée et laissée pour compte. Le régime d’Alger préfère cependant regarder ailleurs et chercher des ennemis là où il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. On notera ainsi que ce dernier place le Maroc parmi les puissances obscures ayant provoqué ces feux de forêt.
Le MAK dénonce une arrestation qui «préfigure un précédent gravissime et dangereux». «Alors que tous les observateurs indépendants et avertis mettent unanimement en cause l’armée algérienne dans ce qui s’apparente à un incendie criminel, le régime d’Alger a pointé du doigt le MAK pour justifier le classement de l’organisation comme organisation terroriste et lancer une vague de répression sans précédent, qui a abouti à l’imposition de 53 condamnations à mort», lit-on. D’ailleurs, le MAK réclame depuis trois ans une enquête internationale sur ces événements.
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L’État français cédera-t-il, à l’aune d’intérêts géopolitiques, au viol des conventions de Genève, ainsi qu’à l’ensemble des droits et libertés fondamentaux garantis par les droits français, européen et international?, s’interroge le MAK.
«Le caractère fantaisiste des accusations algériennes relatives aux incendies de l’été 2021 va enfin éclater au grand jour», a pour sa part affirmé le président du MAK, Ferhat Mehenni, dans une publication sur X. «Même si l’Algérie accuse alternativement Israël et le Maroc d’avoir déclenché les incendies, aucune preuve n’a jamais été fournie contre le MAK ou ces deux pays», précise-t-il.
Et d’ajouter: «Nous attendons avec confiance la décision judiciaire conforme à la vérité, aux faits et à l’innocence d’Aksel et de l’ensemble du MAK. Le monde entier saura quels types de criminels se trouvent au cœur du pouvoir algérien». Affaire à suivre.