Corée du Sud: la Cour constitutionnelle lance l’examen de la destitution du président déchu

Des éléments de la police sud-coréenne en train d'installer des clôtures dans le périmètre de la Cour constitutionnelle à Séoul, le 16 décembre 2024.

La Cour constitutionnelle sud-coréenne se réunit ce lundi pour définir le calendrier de la procédure de destitution de Yoon Suk Yeol, président déchu par le Parlement après sa tentative manquée d’imposer la loi martiale.

Le 16/12/2024 à 08h12

La Cour constitutionnelle sud-coréenne tient ce lundi 16 décembre une première réunion pour discuter du calendrier de la procédure de destitution de Yoon Suk Yeol, président déchu par le Parlement pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale.

La juridiction suprême a environ six mois pour se prononcer sur la validité de la motion de destitution adoptée samedi soir par les députés, qui ont ainsi suspendu le dirigeant de 63 ans et sanctionné la brève loi martiale de la nuit du 3 au 4 décembre. Si elle la confirme, Yoon Suk Yeol sera déposé et une élection présidentielle devra être tenue dans les deux mois.

Pendant ce laps de temps de huit mois maximum, le Premier ministre Han Duck-soo assurera l’intérim. Il s’est engagé à faire tout son possible pour garantir une «gouvernance stable». Le président de la Cour constitutionnelle, Moon Hyung-bae, a promis peu après le vote une « procédure rapide et juste ».

La Cour compte normalement neuf juges, mais trois ont pris leur retraite en octobre sans être remplacés, en raison du blocage politique dans le pays. Six voix étant requises pour entériner une destitution, un jugement unanime sera nécessaire pour démettre Yoon Suk Yeol. Néanmoins, l’issue ne fait guère de doute selon la plupart des experts, tant les violations de la Constitution et de la loi reprochées à l’ex-procureur star sont flagrantes.

Les grandes manifestations anti-Yoon se sont multipliées depuis son coup de force, comme de plus petits rassemblements en son soutien, et des protestataires des deux camps ont affirmé qu’ils continueraient à battre le pavé jusqu’au rendu de la Cour.

Une décision rapide est «la seule façon de limiter le trouble national et d’alléger les souffrances de la population», a estimé dimanche le chef de l’opposition, Lee Jae-myung. Vedette de la politique, mais empêtré dans des affaires qui pourraient toutefois lui coûter son éligibilité, il fait figure de favori auprès des analystes, en cas de nouveau scrutin. En 2022, il avait perdu contre Yoon Suk Yeol avec l’écart le plus mince de toute l’histoire de la Corée du Sud.

Convocations

Yoon Suk Yeol avait sidéré le pays en déclarant la loi martiale par surprise, avant de faire marche arrière à peine six heures plus tard sous la pression de l’Assemblée nationale et des manifestants. Le chef de son Parti du pouvoir au peuple (PPP), Han Dong-hoon, qui avait publiquement apporté son soutien à la motion de destitution, a annoncé sa démission ce lundi lors d’une conférence de presse, présentant ses «sincères excuses à tous ceux qui ont souffert en raison de la loi martiale».

Yoon Suk Yeol est par ailleurs sous le coup d’une enquête pénale pour «rébellion», un crime théoriquement passible de la peine de mort, et n’a plus le droit de quitter le pays. Il a «refusé» de se présenter dimanche à la justice, les procureurs ayant annoncé qu’ils le convoqueraient une deuxième fois.

Précédents contraires

Si la destitution de Yoon Suk Yeol était confirmée, il deviendrait le deuxième président sud-coréen officiellement démis de ses fonctions. Pour Park Geun-hye, tombée en premier pour corruption en 2017, la Cour avait entériné la décision du Parlement 92 jours après son vote.

Il existe cependant un précédent inverse. En mars 2004, les députés avaient également adopté une motion de destitution contre Roh Moo-hyun, mais elle a été invalidée deux mois plus tard par la Cour constitutionnelle.

Par Le360 (avec AFP)
Le 16/12/2024 à 08h12