Bangladesh: la justice se prononce sur les quotas d’emplois à l’origine des violences

Des étudiants se heurtent à la police lors d'une manifestation contre les quotas à l'embauche dans la fonction publique, à Dhaka, au Bangladesh, le 18 juillet 2024. AFP or licensors

La justice du Bangladesh doit se prononcer ce dimanche sur les règles de recrutement dans la fonction publique qui ont déclenché des affrontements à l’échelle nationale entre étudiants et forces de l’ordre, faisant 151 morts depuis le début de la semaine.

Le 21/07/2024 à 08h02

Au Bangladesh, ce qui a commencé comme une protestation contre des quotas de recrutement aux très prisés emplois publics, accusés de favoriser les proches du pouvoir, a conduit cette semaine aux pires violences sous le mandat de la Première ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 15 ans.

Des soldats patrouillent dans plusieurs villes du pays après que la police anti-émeutes n’a pas réussi à rétablir l’ordre, tandis qu’une coupure d’Internet à l’échelle nationale depuis jeudi limite considérablement le flux d’informations vers le monde extérieur.

La Cour suprême doit se réunir dimanche pour rendre une décision sur l’abolition ou non de ces quotas, réintroduits le mois dernier et qui réservent notamment 30% des postes aux enfants des anciens combattants de la guerre de libération du Bangladesh contre le Pakistan.

Le Bangladesh n’étant pas en mesure d’offrir des possibilités d’emploi adéquates à ses 170 millions d’habitants, le système de quotas est une source importante de ressentiment parmi les jeunes diplômés confrontés à une grave crise. De nombreuses voix assurent que le programme bénéficie aux personnes issus des cercles soutenant le camp de la Première ministre.

Cette dernière a laissé entendre, en début de semaine, que le système auquel s’opposent les manifestants serait supprimé. Mais après la répression croissante de ces derniers jours et l’augmentation du nombre de morts, il n’est pas certain qu’une décision favorable apaise la colère de la population.

«Démission du gouvernement»

«Il ne s’agit plus des droits des étudiants», déclare à l’AFP Hasibul Sheikh, 24 ans, propriétaire d’une entreprise, sur les lieux d’une manifestation organisée samedi dans la capitale Dacca malgré le couvre-feu instauré dans tout le pays. «Notre demande porte sur un seul point, à savoir la démission du gouvernement.»

Sheikh Hasina a attisé les tensions ce mois-ci en comparant les manifestants aux Bangladais qui avaient collaboré avec le Pakistan pendant la guerre d’indépendance du pays. «Plutôt que d’essayer de répondre aux griefs des manifestants, les actions du gouvernement ont aggravé la situation», a relevé auprès de l’AFP Pierre Prakash, directeur du Crisis Group pour l’Asie.

Depuis mardi, au moins 151 personnes, dont plusieurs policiers, ont été tuées dans des affrontements à travers le pays, selon un décompte réalisé par l’AFP à partir de données de sources policières et hospitalières. La police a arrêté plusieurs membres du parti nationaliste du Bangladesh (BNP), première formation d’opposition, et de Students Against Discrimination, le principal groupe organisateur des manifestations.

Le ministre bangladais de l’Intérieur, Asaduzzaman Khan, a indiqué à l’AFP que le couvre-feu imposé samedi serait maintenu «jusqu’à ce que la situation s’améliore». En plus des incendies de bâtiments gouvernementaux et de postes de police par les manifestants, des incendies criminels ont rendu le réseau ferroviaire métropolitain de Dacca inexploitable, a-t-il fait savoir.



Par Le360 (avec AFP)
Le 21/07/2024 à 08h02