Les deux hommes, 27 et 31 ans, ont été inculpés pour "association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d'atteintes aux personnes" et "recel de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste et écroués, selon une source judiciaire.
Ils ont été livrés à la justice française en application du mandat d'arrêt européen délivré à leur encontre dans l'enquête sur les attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts, a précisé le parquet fédéral belge.
L'enquête franco-belge a montré qu'un solide réseau de complicités et d'amitiés avait permis à Salah Abdeslam de se cacher pendant quatre mois dans des quartiers de Bruxelles pourtant quadrillés par la police, jusqu'à son arrestation le 18 mars à Molenbeek, la commune de son enfance; au cœur de la capitale belge.
A l'aube du 14 novembre, Mohamed Amri, accompagné de l'un ses amis de Molenbeek, Hamza Attou, était allé de Belgique récupérer en région parisienne Salah Abdeslam, seul membre des commandos des attentats encore en vie. Parce que son "véhicule était en panne", avait raconté Mohamed Amri aux enquêteurs belges.
Salah Abdeslam l'avait appelé à la rescousse vers 22H30, peu après le début des attaques jihadistes. Il avait probablement auparavant convoyé trois kamikazes au Stade de France et abandonné une ceinture d'explosifs. Son frère Brahim Abdeslam venait de se faire exploser dans un restaurant parisien.
"Je suis surpris que vous pensiez que (Salah Abdeslam) ait pu être impliqué dans ces attentats", avait déclaré aux enquêteurs ce travailleur social.
Mais il est soupçonné d'avoir eu connaissance des projets des frères Abdeslam, qu'il présente tantôt comme des amis, tantôt comme des "connaissances": il était avec Brahim le 9 novembre quand ce dernier a loué la Seat utilisée par l'un des commandos jihadistes et a été en contact au téléphone avec Salah à plusieurs reprises entre les 9 et 11 novembre, selon une source proche du dossier.
Le 14 novembre au matin, sur la route vers la Belgique, le trio Attou-Amri-Abdeslam avait été contrôlé à trois reprises, sans être jamais inquiété. Si le nom d'Abdeslam figurait dans le Système d'information Schengen (SIS II) pour des faits de droit commun, le renseignement belge qui connaissait sa radicalisation n'avait pas inscrit cette donnée dans le fichier consulté par les gendarmes français.
Une fois à Bruxelles, Hamza Attou avait emmené Salah Abdeslam rejoindre Ali Oulkadi dans un café. De là, Ali Oulkadi avait déposé le fugitif dans la commune bruxelloise de Schaerbeek.
Salah Abdeslam "m'a dit que tout était sur son nom. Il m'a aussi dit qu'il ne devait pas être là au moment des faits", avait déclaré Oulkadi devant les enquêteurs belges, selon une source proche du dossier.
Il s'était présenté comme "l'ami de son frère", Brahim, dont il fréquentait le bar Les Béguines. Les enquêteurs pensent que Ali Oulkadi avait conduit Brahim Abdeslam à l'aéroport avant un départ en avion pour la Turquie fin janvier 2015.
Contrairement à ses déclarations, les enquêteurs considèrent qu'il ne pouvait ignorer la préparation des attentats, son ADN ayant été retrouvé dans l'un des appartements de la cellule franco-belge ayant servi à la confection des ceintures explosives, à Schaerbeek, a précisé une source proche du dossier.
L'arrivée en France de ces deux nouveaux suspects s'ajoute à celle de Salah Abdeslam, remis à la justice française fin avril et inculpé pour "assassinats terroristes", puis à celle de Hamza Attou, transféré de Belgique la semaine dernière.
D'autres personnes visées par un mandat d'arrêt des juges français doivent être prochainement remises à la France: Mohamed Bakkali, soupçonné d'avoir loué une BMW et des planques belges ayant servi à la préparation des attentats de Paris et de Bruxelles (32 morts le 22 mars) et Mohamed Abrini sera remis aux autorités françaises, mais pas dans l'immédiat, car il est aussi directement mis en cause dans l'enquête sur les attentats de Bruxelles.