Le régime d’Alger ne cessera jamais de nous sidérer. Chaque fois qu’il panique —et les occasions ne manquent pas—, il réagit de manière à susciter une hilarité générale. Il en a encore apporté la preuve ces derniers jours, après la chute du régime de Bachar El-Assad en Syrie, avec lequel il partage des similitudes laissant présager une fin comparable.
Craignant la même inéluctable issue, le régime d’Alger s’agite, un peu dans tous les sens, mais surtout en direction de la France, pays qu’il semble aujourd’hui implorer de le protéger. Jamais franchement et directement, mais en jouant les vieilles cordes de l’invective et de la menace. Comme il y a urgence, le «Système» a cru bon faire vite. Il a donc fait n’importe quoi.
Premier acte, le véritable film d’espionnage, façon série B, inventé à la hâte pour mêler la France à un complot actuellement ourdi contre la «stabilité» de l’Algérie et médiatisé à une large échelle, à la fois par la télévision publique algérienne et l’agence de presse officielle APS, ainsi que la meute médiatique aux ordres. Ainsi donc, la DGSE française (Direction générale de la Sécurité extérieure) mènerait une vaste opération de recrutement d’anciens jihadistes algériens en vue de former des troupes de combattants à même de mener une guerre pour renverser le régime algérien. C’est à dormir debout, mais tous les médias algériens ne jurent que par ce récit depuis le début de cette semaine.
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Le scénario, fait de bric et de broc, veut qu’un jihadiste algérien repenti ayant purgé une peine de trois ans de prison pour terrorisme et un temps installé en France avant son retour à son pays, ait été approché par la DGSE. D’abord pour recueillir des informations sur ses codétenus et sur les islamistes dans la wilaya de Tipasa et dans certains quartiers de la capitale connus, dans les années 1990, pour être le fief du FIS (Front islamique du salut, en lutte contre l’armée algérienne lors de la Décennie noire). Ensuite, pour coordonner un projet de reconstitution de groupes terroristes, «lesquels devaient recevoir des armes à partir de la Libye et du Niger, où sont implantés les éléments islamistes armés formés et financés par les services secrets français», rapportent les médias algériens.
Devinez pourquoi faire? Déstabiliser le vaillant régime d’Alger, voyons! Heureusement que ce dernier dispose d’une force de frappe et de services de renseignements on ne peut plus experts, qui ont détecté le pot-pourri et que le terroriste repenti s’est, en fait, révélé un vrai patriote. Happy end. Mais la France est prévenue. Et puisque le montage a finalement enfanté d’un vrai bide, tout juste bon à la consommation interne au nom du sacro-saint complot extérieur, et n’a fait réagir personne dans l’Hexagone, il fallait rapidement trouver autre chose.
La diaspora pour épouvantail
C’est l’acte 2. Et c’est à hurler de rire. Il consiste à dire et faire répéter l’idée que l’Algérie a une vraie armée. Nous ne parlons pas de l’ALN, dirigée, comme en Syrie, contre le peuple algérien. Nous parlons, on vous le donne dans le mille, de la diaspora d’origine algérienne installée en France. La recette: élaborer un petit texte pour dire que celle-ci encourage le président Abdelmadjid Tebboune à «poursuivre son œuvre» et qu’elle est prête, dès maintenant, à défendre l’Algérie (des généraux, hein!) contre toute menace. Ensuite, enregistrer le même discours et le faire reprendre en synchronisation labiale (lipsync) par un maximum d’Algériens de France. Et le tour est joué. Sauf que la ficelle est trop grosse et que, techniquement, c’est juste horrible. La démarche est pitoyable. Mais là encore, la France est avertie.
Dans l’une comme dans l’autre tentative, l’objectif du régime d’Alger est à peine voilé. Il s’agit d’un appel à l’aide en direction de la France pour qu’elle intervienne et sauve un régime qui voit son heure approcher à grande vitesse. En somme, ces internautes disent à la France: si le régime algérien tombe, nous allons semer la zizanie chez vous. Donc, la France a tout intérêt à préserver le régime en fin de vie si elle ne veut pas être répercutée par l’effondrement du Système. C’est ce qui s’appelle lancer un S.O.S vers Fafa ou mama frança. Après tout, la France qui a créé l’Algérie et l’a dotée de frontières, en amputant largement le Maroc et la Tunisie, a une responsabilité: ne pas se détourner de son bébé, même s’il est devenu un voyou.
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Pas de bol, le déplorable S.O.S algérien arrive tard. Après des années de tentatives d’apaisement d’un régime fou à lier, Paris a fini par se lasser. À la faveur d’un appui historique à la marocanité du Sahara, la France a fait son choix. Par son instabilité, au sens psychologique, ses agitations et son trop-plein d’optimisation de la rente mémorielle, Alger l’a beaucoup aidée d’ailleurs.
Que reste-t-il donc au régime pour adouber Paris? Menacer de littéralement péter les plombs en agitant une communauté algérienne en France qui, dans son écrasante majorité, n’en a que faire. Le message est que si le régime algérien explose, la France sera fatalement éclaboussée. Celle-ci a donc intérêt à le maintenir en vie. Les artisans de ces déplorables shows oublient néanmoins un petit détail: la France n’a rien à voir dans la déchéance d’un «Système» arrivé à expiration par la force des événements, dans ce qui ressemble à une obsolescence programmée. Sa chute prochaine, il en est l’unique responsable et c’est, en définitive, le seul projet qu’il aura réellement réussi.