La cour d’appel du tribunal militaire de Blida a confirmé, dimanche 15 mai, le verdict prononcé en première instance, il y a quatre mois, contre la boîte noire de l’ancien chef de l’armée algérienne, Gaïd Salah, mort en décembre 2019, dans des circonstances jamais élucidées. Bounouira est accusé, cette fois-ci, de «divulgation d'informations confidentielles, touchant aux intérêts de l'armée et de l'Etat, collecte et transmission d'informations à des parties ou des pays tiers».
Lundi 10 janvier dernier, et alors que la première vidéo des révélations sur les pratiques mafieuses des généraux algériens avait été diffusée quelques heures plus tôt depuis Londres, par l’opposant algérien en exil, l’ancien diplomate Mohamed Larbi Zitout, Guermit Bounouira a été immédiatement présenté devant les juges du tribunal militaire de Blida qui l’ont condamné, en moins d’une demi-journée, à la peine capitale. Dans la foulée, l’ex-chef de la gendarmerie algérienne en exil à Vanuatu, le général Ghali Belkecir, et l’opposant Larbi Zitout, exilé à Londres, ont été condamnés à la perpétuité pour avoir diffusé une partie de ces documents.
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La célérité avec laquelle ce verdict est tombé, quelques heures seulement après la diffusion d’une première vidéo de Guermit Bounouira enregistrée depuis sa cellule de la prison de Blida, éclaire sur la violente colère du chef d’état-major de l’armée algérienne, Said Chengriha, qui a choisi une méthode radicale pour faire taire l’auteur des révélations à charge contre lui. D'autant que ce procès n’était pas programmé, mais est intervenu comme une riposte cruelle de Said Chengriha au contenu de cette vidéo dans laquelle il a été présenté par un témoin-clé, non seulement comme un trafiquant notoire de drogue et d’armes, mais aussi comme un adepte du clanisme et du régionalisme qui a livré l’armée algérienne aux hauts gradés de sa région d’origine.
Cette lourde condamnation en appel de Bounouira a été annoncée au moment même où le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, s’envolait vers la Turquie pour une visite officielle de trois jours. Or, c’est justement la Turquie qui a accepté d’extrader Bounouira en juillet 2020, non sans l’avoir pressé comme un citron pour lui soutirer des informations sur l’armée algérienne. Ankara avait-elle eu des garanties qu’il ne serait pas exécuté? Rien n'est moins sûr.
Officiellement, l’Algérie a décrété un moratoire sur l’application de la peine capitale en août 1993, juste après avoir passé par les armes 7 personne impliquées dans l’attentat de l’aéroport d’Alger qui a fait neuf morts en 1992. Mais ce moratoire n’a jamais empêché le régime militaire algérien d’éliminer physiquement, d’une façon ou d’une autre, ses opposants.