L’Espagne a commis des erreurs stratégiques en misant sur un régime peu fiable et imprévisible, selon La Razon

Le chef de la diplomatie espagnole, Jose Manuel Albares, reçu par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, le 30 septembre 2021 à Alger.

Le chef de la diplomatie espagnole, Jose Manuel Albares, reçu par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, le 30 septembre 2021 à Alger. . DR

Le quotidien espagnol La Razon critique sévèrement les récentes décisions du gouvernement Sanchez et s’interroge sur les raisons qui auraient poussé Madrid à réorienter sa stratégie maghrébine en misant sur l’Algérie, décrite comme «un régime imprévisible qui a perdu toute crédibilité, même aux yeux des Algériens eux-mêmes».

Le 05/11/2021 à 12h30

Les récents choix du gouvernement de Pedro Sanchez ont entraîné bien des critiques en Espagne. L’opinion publique espagnole ne comprend pas comment peut-on sacrifier le partenariat avec le Maroc autour duquel l’Espagne a structuré ses relations avec la rive sud de la Méditerranée au cours des 15 dernières années, un partenariat efficient dans bien des domaines: relations économiques, lutte contre le terrorisme, migration, etc.

«Malgré un partenariat fort et mutuellement bénéfique avec le Maroc, les autorités espagnoles ont décidé ces derniers mois de prendre une décision diamétralement opposée. Sur la base d'approches dépassées, sous l'influence de certaines forces obscures anti-marocaines persistantes, l'Espagne semble désormais axer sa politique maghrébine sur une nouvelle coalition avec l'Algérie», déplore La Razon dans un article, «Erreurs stratégiques de l’Espagne au Maghreb».

Ce revirement est une option coûteuse et en même temps désastreuse pour l'Espagne et ses intérêts, estime La Razon, ajoutant que l’Espagne paiera, sans aucun doute, le prix de cette décision inappropriée.

Le quotidien espagnol cite trois exemples concrets qui, à ses yeux, illustrent les conséquences néfastes de cette «collision opportuniste entre l'Algérie et l'Espagne».

D’abord, l’affaire Ghali qui a terni l’image de l'Espagne, alors que la justice espagnole continue de révéler l'implication de hauts fonctionnaires espagnols dans des pratiques frauduleuses, allant même jusqu'à cacher des preuves et violer les protocoles frontaliers européens.

Ensuite, poursuit le quotidien, la question migratoire sur laquelle le microcosme politique et médiatique espagnol continue de stigmatiser le Maroc, en faisant preuve d'une étonnante complaisance et d'un silence complice face à l'explosion des flux migratoires en provenance de l’Algérie.

Enfin, l’épisode du Gazoduc Maghreb-Europe qui, selon le média espagnol, a montré que l'Espagne avait mis sa sécurité énergétique entre les mains de l'Algérie «dont l'imprévisibilité et l'impulsivité en font un partenaire peu fiable, compromettant ainsi sa compétitivité économique et affaiblissant le pouvoir d'achat des Espagnols».

Partant de ces trois exemples concrets, le quotidien s'interroge sur les raisons profondes de ce changement et se demande comment l'Espagne peut aujourd'hui lier son avenir à un régime imprévisible qui a perdu toute crédibilité, même aux yeux des Algériens eux-mêmes.

«Comment expliquer au peuple espagnol et à ses forces motrices le coût de décisions malheureuses? Il faut se rappeler qu'un changement d'avis est rarement une bonne approche de la diplomatie; surtout lorsqu'il repose sur des bases précaires», conclut La Razon.

Par Ayoub Khattabi
Le 05/11/2021 à 12h30