Selon une capsule vidéo traitant des émeutes en France publiée sur la chaîne YouTube du site électronique Dzair-tube, «des agents du makhzen sioniste, en connivence avec l’extrême droite française ont infiltré les manifestations pacifiques dans les villes françaises, pour orienter les marches, en modifier les objectifs et ternir l’image des manifestants».
Ce même site internet, proche du régime algérien –celui-ci étant l’un des rares qui ont été sélectionnés par le Système en vue de bénéficier de la publicité des établissements publics via l’Agence nationale d’édition et de publicité, l’ANEP– prétend par ailleurs détenir cette information de «sources informées en France». Lesquelles? Cette histoire cousue de fil blanc, ne nous le dira pas, car le média ne s’embarrasse pas à apporter des preuves de ce qu’il affirme et se contente par ailleurs d’utiliser des images, vues et revues, de manifestants s’adonnant à des scènes de vandalisme.
Ainsi donc, ces agents du makhzen seraient responsables, énumère le média, de «destruction de biens publics, pillage des commerces, incendies de voitures, destruction de bâtiments», et auraient ainsi, selon ce scénario abracadabrant, «profité de l’affaire de la mort de Nahel pour salir l’image de l’Algérie et de sa communauté en France»… Une fois encore, le régime algérien interprète son rôle favori, celui d’éternelle victime de complots visant à lui nuire.
Le régime algérien, qui a décidé de verser dans la récupération politique et dans l’ingérence en publiant un communiqué de sa diplomatie appelant la France à protéger la communauté algérienne, aurait-il été embarrassé par l’enthousiasme débordant des émeutiers d’origine algérienne, un peu trop prompts à brandir le drapeau algérien en vandalisant des institutions françaises, ou à chanter des slogans vindicatifs à la gloire de l’Algérie, si ce n’est pas en insultant le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, et les forces de l’ordres?
Sans compter l’empressement des médias et des journalistes proches du pouvoir à menacer la France, en voyant dans ses émeutes «un printemps algérien» et en voyant dans le chaos en France «un avant-goût de ce qui arrivera si l’Algérie est agressée». Autant de faits avérés, documentés par d’innombrables vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, et épinglés par les médias de l’hexagone…
Plutôt que d’assumer les conséquences de ses actes, le régime algérien, par la voix de ce média quasi-officiel, préfère désigner un autre coupable: sans surprise, le Maroc. Et pour mieux défendre sa diaspora en France –chose qui tient visiblement à cœur au régime en place– la capsule mise en ligne par Dzair-tube pousse le cynisme jusqu’à brandir le caractère pacifique des manifestations du hirak, ce mouvement de contestation appelant au changement du système politique en Algérie et à la fin de la toute-puissance de la junte militaire au pouvoir, qui a pourtant occasionné une répression massive et un nombre important d’emprisonnements arbitraires parmi les manifestants.
Mais qu’à cela ne tienne, le régime algérien et ses porte-voix médiatiques ne sont pas à une récupération politique près et ne craignent surtout pas le ridicule auquel ils s’exposent en tentant de réécrire l’histoire, une pratique devenue sport national. Ainsi, pour mieux discréditer la thèse de violences commises par des Algériens, le média avance l’argument selon lequel, «contrairement à ce que ces mercenaires tentent de faire croire, le hirak, mouvement populaire pacifiste, qui a duré pendant plusieurs mois, n’a occasionné aucune victime ni aucune destruction ou incendie, mais a vu au contraire les manifestants veiller à nettoyer les boulevards derrière leurs passages, après chaque manifestation, dans toutes les villes algériennes mais aussi en France et ailleurs».
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En opposant l’ordre maintenu dans les rangs des manifestants du hirak aux violences commises pendant les émeutes en France, le média voit un objectif unique: nuire au pacifisme des Algériens en tentant de les associer à la violence, à la délinquance et au chaos.
En plus de cette machination machiavélique, «les trompettes du makhzen» seraient aussi derrière «l’incitation de la police française à diaboliser les migrants algériens et africains» et auraient été jusqu’à «appeler (ces mêmes forces de l’ordre françaises) à tirer à balles réelles sur les manifestants qui demandaient la justice suite à la mort de Nahel».
Et de conclure, en apothéose, que ces agents à la solde du makhzen «ont oublié leurs racines marocaines et africaines, se sont rangés en rangs derrière le tueur (le policier), ont nié ses droits à la victime, Nahel, fils de leur propre culture, et sont devenus Français plus que les Français eux-mêmes».
Le ridicule ne tue pas, surtout en Algérie.