Affaire Omar Radi: le coup de gueule du Syndicat national de la presse marocaine contre les ONG et médias étrangers

Affaire Omar Radi: la réponse du SNPM aux ONG et médias étrangers.

Affaire Omar Radi: la réponse du SNPM aux ONG et médias étrangers. . DR

Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) s'est fendu d'un communiqué de presse au lendemain de la publication d'articles par des organismes droit-de-l’hommistes et par quelques médias internationaux au sujet de l’affaire Omar Radi. Objectif: remettre les pendules à l’heure.

Le 26/09/2020 à 13h53

Beaucoup de choses ont été écrites sur l’affaire Omar Radi. Le journaliste est soutenu par certains médias tels que Mediapart ou encore L’Humanité ainsi que par des associations telles que Amnesty International ou encore Human Rights Watch qui le qualifient de victime des autorités marocaines en sa qualité de «plume libre et indépendante qui dérange».

Le SNPM a tenu à exprimer son avis sur cette affaire dans un communiqué publié le 25 septembre.

Un point de vue essentiel qui intervient au moment où la crédibilité de la presse marocaine est remise en question par ces organismes et où la présumée victime de viol et collègue de Omar Radi, Hafsa Boutahar, est quant à elle dépeinte comme une intrigante au témoignage mensonger.

Le SNPM annonce ainsi plusieurs mises au point «dans le cadre du suivi du dossier de notre confrère Omar Radi, détenu sur la base d’une double enquête des autorités judiciaires, l’une pour une supposée atteinte à la sécurité intérieure de l’État et l’autre relative au présumé viol d’une de ses consoeurs».

La liberté de la presse, un principe que l’on défend au MarocLe SNPM tient en préambule à rappeler quelques points essentiels, passés à la trappe des publications publiées à l’étranger qui donnent à penser qu’Omar Radi s’est retrouvé seul contre tous, si ce n’était le soutien de ses proches.

«Le Syndicat a rendu public, en date du 25 juin 2020, un communiqué, suite à la convocation de notre confrère par la Brigade nationale de la police judiciaire après supposée réception de fonds étrangers dans le but de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État, mais aussi pour contacts avec des agents étrangers», rappelle le SNPM. Il tient également à souligner avoir «alors exprimé sa profonde inquiétude quant à cette affaire, d'une part car défendant le principe de liberté de la Presse, d'autre part parce que ledit confrère est visé».

À cette occasion, et tout en suivant le déroulement de l’enquête de la BNPJ, le syndicat a ainsi «insisté sur la nécessité de respecter la présomption d’innocence, d'autant plus que l’accusé était poursuivi en état de liberté», annonce-t-on.

La garantie du respect de la présomption d’innocencePar ailleurs, en date du 1er juillet 2020, le syndicat a provoqué une rencontre avec Omar Radi, suite au communiqué publié par Amnesty International, afin de rassembler des informations sur l’affaire de sa présumée mise sur écoute par la société israélienne NSO.

On apprend qu'au cours de cette rencontre, «le syndicat a fait savoir qu’il ne pouvait donner crédit au contenu dudit communiqué, comme à toutes les autres ONG, et a proposé au confrère Omar Radi de remettre son téléphone à des experts mandatés par le Syndicat et son représentant personnel, pour analyse».

Toutefois précise le communiqué, «les évolutions de l'affaire n'ont pas permis de donner suite à cette proposition» et le SNPM «reste circonspect quant à l’évolution qu’a connue l’affaire concernant une éventuelle réception de fonds provenant de parties étrangères et pouvant porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État».

Partant, le Syndicat informe qu’il continue à suivre le développement de cette affaire devant consacrer le principe de présomption d’innocence et la garantie d'un procès équitable.

Ferme condamnation de la campagne menée contre Hafsa Boutahar par des médias et ONG étrangersQuant au deuxième dossier, dans lequel Omar Radi est accusé de viol par une consoeur, Hafsa Boutahar, le Syndicat rappelle tout d’abord qu’il condamne fermement «les crimes de viol, de harcèlement et, de manière générale, toute forme de violence portant atteinte aux droits humains et à la dignité des femmes». Et d’appeler «à une enquête impartiale, visant à dévoiler la vérité et à garantir les droits des deux parties dans ce dossier».

Par ailleurs, dans le respect des principes de droits humains, notamment les droits des femmes en matière de protection de celles-ci contre toute forme de violence et d'attaques, le SNPM confirme avoir organisé une séance d’audition de Hafsa Boutahar suite à sa demande de soutien.

Ceci étant dit, le SNPM pousse alors un coup de gueule quant au traitement de cette partie de l’affaire par les ONGS et médias étrangers. «Nous considérons que toute tentative de pression sur la plaignante en l’accusant de conspirer pour faire inculper Omar Radi est une atteinte à son droit d’ester en Justice» et «nous condamnons, au sein du Syndicat national de la presse marocaine, les discours véhiculés par certains médias étrangers et organisations non gouvernementales qui ont tranché le dossier avant la Justice, bannissant de ce fait le droit à la parole de la plaignante, l’accusant d'être impliquée dans un complot visant Omar Radi», écrit le SNPM dans son communiqué. Un rappel à l'ordre qui vise certainement les communiqués précédemment publiés par Amnesty International et Human Rights Watch, organisations de défense des droits de l'homme qui n'ont pas daigné donner la parole à la présumée victimeou encore l’enquête menée de concert par Mediapart et L’Humanité, laquelle défie toutes les règles de déontologie du métier de journaliste et qui présente Hafsa Boutahar comme un individu suspect.

Pour le SNPM, les propos tenus dans ces publications portent «des accusations sans fondement légal (qui) sont contraires aux principes universels que sont les droits humains, et les droits des femmes en particulier». Et en émettant ce type de «pré-jugement», on empêche la femme de se défendre contre le viol et les agressions sous prétexte qu'Omar Radi est un «militant politique et des droits humains», rappelle le syndicat.

Le syndicat dénonce ainsi ce qu’il qualifie de «campagne menée contre la plaignante», et qui est selon lui le «fait de médias et d'organisations non gouvernementales, qui pratiquent la politique des deux poids, deux mesures».

«Si le droit des victimes de crimes sexuels est respecté dans leurs pays, et même dans des affaires prescrites, lorsqu'il s'agit d'une femme marocaine, ce principe est bafoué au simple motif que l'accusé est un «militant politique et des droits de l'homme», fustige le SNPM qui ne mâche pas ses mots.

En conséquence, le syndicat annonce qu'il continuera «à suivre le dossier d'Omar Radi, en vue de défendre tous ses droits, garantis par la Loi et par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, tout en confirmant sa position relative à la défense du droit de la plaignante d'ester en justice».

Et ce, tout en produisant les preuves nécessaires, dans l'objectif de rétablir son honneur et son droit de se défendre en recourant à la Justice, sans aucune forme de pression ou de diffamation.

Par Leïla Driss
Le 26/09/2020 à 13h53