A 23 ans, Halima Aden avait encore un bel avenir dans l’industrie de la mode, elle qui a commencé à 19 ans sa carrière de mannequin aux Etats-Unis, pays où elle s’installe à l’âge de 6 ans en compagnie de sa mère et de sa sœur, après avoir grandi dans un camp de réfugiés au Kenya.
Une vie digne d’une success-story pour celle qui a décidé de mettre fin à sa carrière en expliquant que la pandémie lui a donné le temps de réfléchir à ses valeurs de femme musulmane.
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La femme de toutes les premièresHalima Aden avait le vent en poupe. Première étudiante somalienne sénatrice de son université, elle s’était fait remarquer en 2016 en concourant à l’élection de Miss Minnesota USA où elle avait défilé en burkini, devenant ainsi la première femme voilée à participer à cet évènement.
© Copyright : DRC’est là qu’elle se fait remarquer par Carine Roitfeld, ancienne rédactrice en chef de Vogue France, qui choisit de la mettre en couverture de sa nouvelle revue CR Fashion Book.
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Grâce à elle et à l’agence de mannequins qui la représente désormais, elle fait la connaissance de Kanye West et défile pour sa marque, Yeezie. Les magazines de mode spécialisés se l’arrachent et la sacrent «premier mannequin voilé au monde». En effet, elle est alors le premier mannequin voilé à arpenter les podiums de Milan et de New York.
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L’industrie de la mode vs les croyances religieusesMais tout cela, c’est désormais de l’histoire ancienne pour la jeune femme qui a annoncé sur Instagram sa décision de raccrocher. Dans un post publié sur le réseau social, elle explique ainsi à ses 1,3 million d'abonnés qu'en travaillant dans la mode, elle se sent «forcée de compromettre ses croyances».
Pour mieux expliquer son ressenti, la jeune femme a procédé à une sorte de rétrospective en photos des moments clés de sa carrière durant lesquels elle ne s’est pas sentie elle-même. «Je ne peux que me reprocher d’avoir porté plus d’importance aux opportunités qu’à ce qui était réellement en jeu. Je me reproche d’avoir été naïve et rebelle», écrit Halima Aden.
© Copyright : DRLa jeune femme annonce ensuite qu’elle n’acceptera plus jamais un travail qui lui demandera de changer le style de son hijab «seulement pour mettre en avant un collier» et regrette profondément certains de ses choix, comme d’avoir accepté de remplacer son foulard par un jeans enroulé autour de sa tête pour les besoins d’une campagne de mode: «Pourquoi leur ai-je permis de mettre des jeans sur ma tête alors qu'à l'époque je n'avais jamais porté que des jupes et des robes longues?», se morfond-elle.
Le top somalien explique ainsi avoir enfin entendu les appels de sa mère à «ouvrir les yeux», car jusqu’alors elle estime avoir «perdu le contact» avec qui elle était vraiment.
Toutefois, Halima Aden ne garde pas que de mauvais souvenirs de son glorieux passé dans la mode et rend ainsi hommage à Rihanna, la remerciant de l'avoir laissée porter son propre hijab lors d’une campagne pour la ligne de beauté Fenty Beauty. Elle explique enfin que son acceptation des situations qui montraient un manque de respect pour ses croyances était due à un mélange de rébellion et de naïveté. «Ce que je blâme dans cette industrie, c'est le manque de stylistes musulmans», conclut-elle.