Anniesa Hasibuan s'était fait connaître à l'étranger en 2016 lors de la Semaine de la mode à New York avec sa collection exhibée par des mannequins portant un voile uniformément gris, couvrant soigneusement les cheveux tout en sculptant les traits du visage.
Dans sa quête d'universalité, Mme Hasibuan avait dit rêver d'habiller la duchesse de Cambridge, Kate Middleton. Pour bon nombre de musulmanes fashionistas, ses collections représentaient une alternative à une mode occidentale dont les codes n'étaient pas adaptés à leur pratique de la religion. Un mix de tendances et de religion qui ont depuis été célébrés à leur tour par de grandes enseignes à l'instar de Dolce & Gabbana qui ont vu dans cette "muslim fashion" l'opportunité de conquérir le cœur et le portefeuille de clientes moyen-orientales.
Toutefois, il faut croire que sous le voile de la pudeur et de la prétendue foi musulmane se cachaient de tout autres enjeux. La créatrice âgée de 31 ans, et son mari, l'entrepreneur indonésien Andika Surachman, ont en effet été reconnus coupables par un tribunal de la banlieue de Jakarta d'avoir escroqué des clients qui avaient réservé des voyages à La Mecque via l'agence du couple, First Travel, pour une somme totale de quelque 848 millions de roupies (52.000 euros).
Créée en 2009, First Travel proposait des voyages en Arabie Saoudite, mais l'agence n'a organisé aucun voyage à La Mecque depuis début 2017. Ceux-ci ont pourtant été payés pour un pèlerinage qui est sacré en Indonésie, premier pays à majorité musulmane au monde pour le nombre de croyants.
La créatrice a également été condamnée à une amende de 10 milliards de roupies (617.000 euros). Son mari s'est vu infliger 20 ans de prison et la même amende. Le Parquet avait requis 20 ans d'emprisonnement pour chacun d'eux.
La créatrice indonésienne est aussi connue pour son train de vie opulent et les photos d'elle et de son mari portant des vêtements de luxe, qu'elle publie régulièrement sur les réseaux sociaux.