Vidéo. Marrakech-Safi: une opération séduction pour booster l’investissement 

Le360

Le 18/12/2021 à 11h42

VidéoLe CRI lance avec la province de Rhamna l’appel à projets pour le quartier industriel de Sidi Bouathmane. Une opération destinée aux investisseurs pour occuper les 44 lots restants du parc. Si la proximité de Marrakech et le prix du foncier plaident en faveur de la nouvelle zone, l’absence d’autoroute demeure le principal frein. 

La salle est pleine à craquer dans un hôtel de la Palmeraie en ce vendredi 17 décembre. Le Centre Régional d’Investissement et la province de Rhamna se livrent à un exercice de transparence inédit devant un parterre d’investisseurs à l’occasion du lancement de l’appel à projets du parc industriel de Sidi Bouathmane. Une opération de séduction pilotée par le CRI dont la finalité est de redonner un coup d’éclat et éviter que ce parc industriel inauguré en 2008 ne tombe en désuétude.

Ainsi, près de 44 lots non exploités ont été libérés à l’issue d’une procédure de déchéance. «Ce n’était pas agréable, mais cela garantit à la région de ne pas empiler les projets dormants», lâche Yassine Mseffer, le DG du CRI Marrakech-Safi. L’octroi des parcelles restantes est soumis à une règle claire: une forte contribution au développement régional adossée au nombre de postes d’emploi créés. Formulée autrement, des processus industriels à forte valeur ajoutée pourvoyeurs d’une main d'œuvre qualifiée. «Une unité de stockage par exemple ne passera pas», nous confie le directeur général du CRI. 

S’en est suivie une visite de terrain pour mieux apprécier l’emplacement de la zone et donner un avant-goût du trajet domicile-travail, étant un argument important pour l’attractivité de la main d'œuvre.

Situé à 20 minutes de Marrakech, Sidi Bouathmane présente une particularité singulière. Faisant partie de la province de Rhamna, elle est davantage proche de la métropole de Marrakech. Ainsi, beaucoup de gens ignorent que le péage Marrakech-Palmeraie (pénétrante Nord-Marrakech) relève du territoire de la province de Rhmana.

Autre avantage à mettre dans l’actif du parc, le prix du foncier, sans commune mesure avec les prix en vigueur. Pour donner un ordre d’idée, un mini lot de 250 m2 est fixé à 70.000 dirhams, 2645 m2 pour 634.800 dirhams, ou encore un hectare pour 1,8 million de DH. De quoi inciter les industriels à quitter le quartier de Sidi Ghanem situé au nord-ouest de l'agglomération de Marrakech.

«Sidi Ghanem n’a de quartier industriel que le nom puisqu’il abrite davantage de commerces que d’industrie», tonne Kamal Benkhaled, président de la Chambre de Commerce, d'Industrie et de Services de Marrakech-Safi. Même constat relevé par les entrepreneurs déjà installés dans ce vieux quartier de la ville, qu’ils considèrent non-compatible avec leurs ambitions. «Le quartier de Sidi Ghanem ne répond plus aux besoins d’entreprises en pleine expansion comme la mienne», regrette Rachid Chaouda, dirigeant d’une unité spécialisée dans la dinanderie.

Dans les plaquettes publicitaires de l’opérateur aménageur Al Omrane, le parc industriel de Sidi Bouathmane est présenté comme étant «parmi les meilleures plateformes industrielles du Royaume, avec une proximité de tous les équipements logistiques de qualité, voie ferroviaire et accès autoroute».

Mais voilà, la zone présente des anomalies que les investisseurs n’ont pas manqué de rappeler à maintes reprises. Si les projets vont être triés sur le volet, les investisseurs, eux, ne sont pas tous conquis par l’offre, principalement pour deux raisons. La première est l’absence de bretelle d’autoroute permettant un rabattement rapide sur le réseau national. Cela touche au transfert de travailleurs mais aussi à la fluidité de la distribution.

«Le ministère de l’Équipement a été saisi de ce dossier, le projet est ficelé et n’attend que le financement», rassure Aziz Bouignane, le gouverneur de Rhamna. A en croire le même responsable, la bretelle figure dans le plan gouvernemental des cinq prochaines années. Pour pallier cet handicap, la province annonce la réalisation d’une future liaison ferroviaire reliant Marrakech à Rhamna, et qui desservira, au passage, Sidi Bouathmane.

Autre reproche, et non des moindres: les lots sont disponibles uniquement pour la vente. Or, l’un des principaux enseignements de la pandémie c’est que les chaînes d’approvisionnement et de production peuvent stopper net à tout moment. D’où l’intérêt de re-localiser s’il le faut son unité industrielle. «Aujourd’hui, rattrapés par la conjoncture, les industriels auront une préférence pour la location», rappelle Kamal Benkhaled en enfilant sa casquette d’entrepreneur. 

Se pose alors la question de la compétitivité vis-à-vis des plateformes industrielles à l’échelon national. Marrakech-Safi dispose d’un port vraquier. Elle reste, de fait, tributaire du Nord pour l'acheminement des marchandises destinées à l'export et de Souss-Massa pour la desserte de l'Afrique.

Par Ayoub Ibnoulfassih
Le 18/12/2021 à 11h42