Considérées comme la cheville ouvrière de la diplomatie économique marocaine en Afrique, les banques marocaines, par leur expertise, se retrouvent depuis quelques années sur le toit de l’Afrique, indique Jeune Afrique.
«Si leur performance est moyenne, la taille de ces groupes ne peut être ignorée. Le secteur bancaire et des assurances en Afrique ne saurait être discuté sans mentionner les institutions marocaines», écrit le mensuel.
Dans le classement établi par le média, figurent trois groupes marocains qui se placent parmi les vingt plus grandes banques du continent.
Attijariwafa bank se distingue en atteignant la neuvième position, suivie par la Banque Centrale Populaire (BCP) à la 19e place, et BMCE Bank of Africa à la 20e position.
Ce classement met également en avant la capacité des banques marocaines à bien gérer les risques, ce qui leur a permis de résister aux chocs économiques récents.
«Une partie significative de leurs activités en Afrique subsaharienne (15 à 20%) contribue à cette résilience, générant des revenus importants, malgré la volatilité de la région», indique Jeune Afrique.
Les banques marocaines, bien qu’importantes en taille, se retrouvent en bas du tableau lorsqu’il s’agit de leurs performances car, contrairement aux plus grandes institutions bancaires africaines, ces établissements affichent des résultats en retrait.
Pour Ranya Gnaba, analyste financière chez AlphaMena interrogée par Jeune Afrique, «la rentabilité des banques marocaines s’améliore de façon notable, notamment en ce qui concerne le rendement de leurs fonds propres et leur efficacité opérationnelle».
Cependant, ces améliorations ne suffisent pas encore à atteindre les standards du secteur bancaire africain: en matière de solvabilité, leur politique de distribution généreuse de dividendes, avec 43% de leurs bénéfices distribués en 2023, est un frein significatif.
Les données livrées par Jeune Afrique indiquent que les banques marocaines affichent une qualité de crédit inférieure à la moyenne des autres institutions de ce classement.
«Notre méthodologie est sévère à l’égard des banques marocaines», affirme Julien Wagner, responsable du Top 300 africain des banques, tout en insistant sur le fait que, malgré leurs bons résultats, ces banques peinent à suivre le rythme du secteur à l’échelle continentale.
«Dans un contexte financier africain marqué par des disparités de performance entre les différents pays, les banques marocaines se distinguent par leur résilience et leur prudence. Bien que leur rentabilité soit jugée inférieure à celle des banques sud-africaines ou nigérianes, elles évoluent dans un marché plus sûr, caractérisé par une absence de produits financiers sophistiqués et une politique monétaire conservatrice», ajoute Jeune Afrique, reprenant une analyse qui se fonde sur des rapports publiés par la Banque mondiale, l’OCDE, ainsi que sur cette étude préalablement établie par le média panafricain, qui explique les raisons pour lesquelles les banques marocaines, bien que moins rentables, sont mieux protégées contre des risques de collapsus financier.
L’une des principales raisons est la non-convertibilité du dirham pour le public, ce qui protège l’économie marocaine de mouvements spéculatifs et de chocs internationaux.
À cette donne, s’ajoute une absence de produits financiers sophistiqués, ce qui permet d’éviter des risques associés aux fluctuations rapides des marchés financiers mondiaux.