Tourisme: les négociations avec le gouvernement au point mort, les professionnels alarmés par une crise sociale

Une plage privée de la baie d'Agadir, gérée par un établissement hôtelier. 

Une plage privée de la baie d'Agadir, gérée par un établissement hôtelier.  . DR

Plus de 70% des hôtels du Maroc sont encore fermés, dénonce la Confédération nationale du tourisme (CNT), l'une des instances représentant les professionnels du tourisme du Royaume. Les hôteliers s'alarment du silence du gouvernement, alors que la crise qu'ils traversent est particulièment aiguë.

Le 23/07/2020 à 07h52

Les opérateurs hôteliers sont aux abois, et la Confédération nationale du tourisme (CNT), l'une des principales instances représentatives des professionnels de la chaîne de valeur du tourisme, le confirme avec l'annonce de cette statistique-choc: plus de 70% des établissements hôteliers sont actuellement encore fermés.

Les professionnels du tourisme, en profonde crise à cause des effets induits par la pandémie du coronavirus, viennent de solliciter de nouveau un entretien avec le ministre de l'Economie et des finances, Mohamed Benchaâboun, ainsi qu'avec la ministre du Tourisme et de l'artisanat, Nadia Fettah-Alaoui, afin d'alerter ces deux responsables gouvernementaux sur la situation plus que préoccupante que traversent l'immense majorité des acteurs de cette branche d'activité.

Mais selon des informations recueillies par Le360, ces deux ministres se trouvent actuellement "aux abonnés absents". 

"La situation est alarmante", dénonce Lahcen Zalmat, président de la Fédération nationale de l'industrie hôtelière (FNIH), autre instance représentative des professionnels du tourisme. Des opérateurs hôteliers, contactés par Le360, affirment qu'ils se retrouvent actuellement menacés par la tenue de "sit-in de leurs employés si les salaires du mois de juillet ne sont pas versés avant l'Aïd".

L'enjeu est en effet de taille: plus d'un demi-million d'emplois au Maroc sont actuellement menacés, et l'indemnité reversée par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) depuis mardi 21 juillet 2020 ne concerne que les salaires du mois de juin.

Selon l'un des interlocuteurs contactés par Le360, dans la seule ville de Marrakech, "des hôteliers s'apprêtent à refermer leurs établissements de crainte d'éventuels mouvements sociaux".

Une source contactée à la FNIH se dit extrêmement préoccupée par les conséquences de ce black-out total actuellement observé par le gouvernement.

"Nous n'avons aucune visibilité par rapport au contrat-programme promis par l'Exécutif", indique, de son côté, Lahcen Zelmat, le président de la FNIH, qui confirme que Mohamed Benchaâboun leur a fait comprendre qu'il s'agissait là d'"un dossier qui n'est pas urgent pour l'Exécutif".

Toutefois, selon toute vraisemblance, et preuve qu'il s'agit bien là d'un dossier brûlant, de l'avis de plusieurs sources, une réunion devrait se tenir dès la semaine prochaine entre des représentants de la CNT, ceux de la FNIH, et le ministre de l'Economie et des finances, Mohamed Benchaâboun, ainsi que la ministre du Tourisme et de l'artisanat, Nadia Fettah-Alaoui. 

Depuis le 21 juillet 2020, date du reversement par la CNSS de l'indemnité compensatrice pour le mois de juin 2020, la situation des employés des établissements hôteliers a atteint un point critique, et, pire encore, "les propriétaires des établissements qui ont rouvert début juillet menacent de refermer" leurs portes, explique Lahcen Zalmat, président de la FNIH.

"L'aide financière de l'Etat se fait toujours attendre", souligne cet interlocuteur. Des hôteliers dans le Royaume n'ont en effet, en ce moment, pas de moyens financiers en suffisance pour pouvoir à la fois poursuivre leurs activités, assurer l'ensemble de leurs prestations, et, surtout, payer les salaires dûs à leurs employés. 

Par Bouchaib El Yafi
Le 23/07/2020 à 07h52