Tourisme: les Marocains, véritables moteurs de la bonne dynamique du secteur

La place Jemaa El Fna, à Marrakech, destination très prisée par touristes marocains.

Résidents ou expatriés, les Marocains sont les véritables porteurs de la bonne dynamique que connaît le tourisme dans le royaume. Un constat que confirme l’analyse des dernières statistiques du secteur.

Le 16/07/2023 à 11h59

La reprise de l’activité touristique au Maroc se confirme avec une belle performance durant le premier mois de la saison estivale. Ainsi, selon les derniers chiffres communiqués par le ministère du Tourisme, pas moins de 1,4 million de touristes ont visité le Royaume durant le mois de juin, en augmentation de 25% par rapport à mai 2019, année de référence.

En mai dernier, le nombre d’arrivées touristiques avait même dépassé pour la première fois (au cours d’un mois de mai) la barre du million de touristes, réalisant une hausse spectaculaire de 55% par rapport à mai 2019. Précision : ces records ont été réalisés en grande partie grâce à l’affluence des touristes… de nationalité marocaine.

L’analyse des statistiques détaillées de l’Observatoire du tourisme démontre en effet que la hausse du nombre des arrivées est principalement le fruit de l’engouement des Marocains du monde pour la mère patrie. Pour le seul mois de mai, les arrivées de Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont pratiquement doublé (+99%) par rapport à la même période de 2019, alors que les arrivées de touristes étrangers ont progressé de 33%. Précisément, sur les 1,13 million de personnes ayant visité le Maroc ce mois-là, plus de 495.899 sont des MRE.

Au cumul des cinq premiers mois de l’année, les arrivées des MRE ont progressé de 48% par rapport à la même période de 2019, alors que celles des touristes étrangers n’ont progressé que de 4%. Sur les 5,16 millions de personnes ayant visité le Maroc durant cette période, 2,3 millions sont des MRE.

«Les chiffres sont parlants: ce sont les Marocains, résidents ou MRE, qui portent la dynamique du secteur touristique. On se pose la question: où est l’effet de la Coupe du monde, où est l’effet de la promotion? Il faut que les responsables se penchent sérieusement sur la question pour trouver une solution», a souligné Zoubir Bouhout, expert consultant en tourisme contacté par Le360.

Recul de 2% des nuitées des touristes étrangers

Même constat au chapitre des nuitées. Durant le mois de mai 2023, les nuitées totales réalisées dans les établissements d’hébergement touristique classés ont augmenté de 159% pour les résidents et seulement de 32% pour les non-résidents. Sur les 2,2 millions de nuitées comptabilisées, environ 700.000 ont été enregistrées grâce au tourisme interne.

Pire, sur le cumul des cinq premiers mois de l’année, si le nombre de nuitées a augmenté de 11% pour les résidents, il a reculé de 2% pour les non-résidents. Ainsi, sur les 9,6 millions de nuitées enregistrées, 2,8 sont attribuées aux touristes résidents.

«Plus que les arrivées, ce sont les nuitées qui comptent. Plus un touriste reste au Maroc, plus il dépense, et c’est ce que les professionnels du secteur demandent. Un recul de 2% des nuitées des étrangers en mai par rapport à 2019 est un constat inquiétant», a souligné Zoubir Bouhout.

Et de détailler: «Un grand effort a été fait pour la promotion de la destination Maroc. Plusieurs contrats ont été signés avec des compagnies aériennes et des tours opérateurs, mais il y a encore un problème de déblocage des budgets pour concrétiser ces contrats».

1,2 milliard de dirhams débloqués

Selon cet expert, la loi de finances 2023 n’a pas consacré un budget conséquent pour le ministère du Tourisme, ce qui a retardé les effets des campagnes de promotion. La rallonge budgétaire de 10 milliards de dirhams décidée par le gouvernement en mai dernier, dont 1,2 milliard pour la mise en œuvre de la feuille de route pour le tourisme, devrait néanmoins booster le secteur.

«Il n’est pas trop tard pour récupérer les arrivées et les nuitées des touristes étrangers. La saison estivale a démarré il y a à peine quelques semaines et la dynamique globale est bonne. Il faudra toutefois doubler d’efforts du côté de la promotion et du renforcement des connexions aériennes avec le Maroc», conclut-il.

Par Safae Hadri
Le 16/07/2023 à 11h59