Marrakech, samedi 24 décembre, 22h. Sur la route de l’Ourika, de part et d’autre de la chaussée, une file interminable de coupés et berlines de luxe garés sur le bas-côté devant un établissement réputé pour être édifié sur les ruines d’une ancienne fabrique de sucre. A l’intérieur règne une ambiance chic et décontractée et le menu propose de la gastronomie marocaine et internationale accompagnée d’un spectacle qui se poursuit à une heure très tardive.
Très convoités en cette période de fin d’année, les établissements mêlant restauration et clubbing affichent déjà tous complet. Prisés par une clientèle internationale, mais également de plus en plus par les Marocains, ces enseignes dont le cœur de métier est, pour la plupart d’entre elles, la restauration, se réinventent sans cesse. Aujourd’hui, elles abritent un concert live, des animations musicales ou permettent grâce à des danseuses orientales de réussir le pari de joindre le plaisir des papilles à celui des yeux.
La forte affluence que génère l’offre dîner-spectacle à Marrakech ne se limite pas à la période du Nouvel An. Il faut croire que la pandémie y est pour quelque chose. «J’ai l’impression que post-Covid, les gens ont envie de se réunir dans des endroits où il y a de l’animation», constate Abla Benghada, propriétaire d’un restaurant situé en plein Guéliz. «Par conséquent, nous, on ressent l’impact à notre niveau puisque les restaurants entre guillemets “fourchette” sont de moins en moins prisés», s’inquiète Abla Benghada.
Mais il n’y a pas que dans la restauration où l’atmosphère l’emporte sur l’expérience culinaire. Même trend observé en hôtellerie avec un engouement sans précédent pour les offres all inclusive dans lesquelles la composante spectacle est omniprésente. L’attrait est tel que plusieurs établissements ont battu leur record de réservation en 2022. «Nous avons réalisé le meilleur chiffre d’affaires depuis l’ouverture de notre établissement», se targue Mouna Dakouane, sales manager auprès d'un grand établissement hôtelier de la ville. «Malgré un premier trimestre un peu flou, la demande en 2022 est là», affirme ainsi Mouna Dakouane.
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Une demande exceptionnelle aux allures d’effet de rattrapage, mais qui n’augure rien de sûr pour l’année prochaine. «L’épargne constituée par la plupart des touristes étrangers durant le confinement a été consommée en 2022. Quid de 2023?», s’interroge pour sa part Amine Zghaoui, directeur des ventes et marketing d’un groupe hôtelier.
Les opérateurs de la ville ocre appréhendent ainsi l'évolution du marché mondial en 2023. La perturbation des chaînes d’approvisionnement et la persistance des tensions inflationnistes creusent l’écart entre l’offre et la demande, ce qui impactera sans nul doute le budget voyage des ménages européens. Les restaurateurs, quant à eux, redoutent pour leur part la baisse du pouvoir d’achat des Marocains qui constituent, selon eux, une part non négligeable de leur volume d’affaires. Autant dire que l’année 2023 s’annonce laborieuse pour l’écosystème du tourisme.