Depuis la crise du covid-19, la souveraineté alimentaire a été érigée en priorité absolue dans le monde entier. La sécheresse et la crise géopolitique entre la Russie et l’Ukraine ont renforcé cette prise de conscience, notamment au Maroc, où ces facteurs, inattendus mais bien réels, ont mis à nu les fragilités du pays. Dès lors, les appels se sont multipliés pour affirmer la nécessité d’assurer les besoins alimentaires et agricoles des citoyens.
Dans les colonnes de l’hebdomadaire La Vie Éco, le président de la Comader, Rachid Benali, rappelle que le déficit en produits alimentaires est problématique dans plusieurs pays. «L’Angleterre, la France et l’Italie, pour ne citer qu’eux, souffrent de problèmes d’approvisionnement, sachant que certains ont arrêté les exportations, comme l’Allemagne avec les bovins, la Chine avec le sucre ou d’autres avec les céréales».
Ainsi, le président de la Comader préfère insister sur la sécurité alimentaire, tant celle-ci demande à déployer d’importants efforts en vue d’assurer la disponibilité des produits tout au long de l’année, à des prix abordables, ainsi qu’un maximum de produits locaux et moins de produits importés.
Encore faut-il tenir compte du contexte spatio-temporel, précisent les chercheurs. Dans La Vie Éco, l’économiste Abdelghani Youmni explique ainsi que «la souveraineté alimentaire du Maroc de 2030 n’est pas celle du Maroc de 2000. Elle est dynamique et de plus en plus volatile. Elle n’est pas qu’agricole non plus, mais aussi agroalimentaire et agroécologique. Ainsi, elle doit intégrer des variables comme les habitudes alimentaires, le statut des pêcheurs ou encore la justice climatique et commerciale».
Si les stratégies du Maroc sont payantes, elles sont aussi imparfaites dans certains cas. L’économiste Abdelghani Youmni cite l’exemple du Plan Maroc Vert. «Sa vocation a été de créer les bases d’une agriculture intensive à haute valeur ajoutée destinée à l’exportation au détriment d’un arbitrage avec les cultures vivrières comme les céréales, les plantes oléagineuses et le sucre», explique-t-il dans les colonnes de La Vie Éco.