Saison agricole 2025-2026: trois milliards de dirhams déjà versés à 73% des éleveurs du Royaume

Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants.

À l’occasion du lancement de la campagne agricole 2025-2026, le ministre de l’Agriculture Ahmed El Bouari a mis les cartes sur la table, ce lundi lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, présentant le bilan du secteur, les mesures d’urgence face à la sécheresse et la stratégie nationale pour sécuriser la production. Les détails.

Le 18/11/2025 à 15h06

Trois milliards de dirhams ont été versés à 714.000 éleveurs, soit 73% des éleveurs recensés, depuis le lancement du programme de soutien direct le 5 novembre. C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Agriculture hier, lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants.

Cette première tranche d’aides couvre notamment l’achat d’aliments pour bétail ainsi qu’un acompte de 100 dirhams par femelle ovine ou caprine, destiné à soutenir la conservation du cheptel.

«Nous voulons garantir transparence, équité et traçabilité dans toutes les opérations», a assuré le ministre, soulignant la mise en place d’un système de traitement des plaintes supervisé par une commission nationale.

Cette prise de parole fait suite au lancement officiel de la campagne, effectué vendredi dernier depuis la province de Larache, lors d’une cérémonie qui a coïncidé avec le retour des premières pluies automnales.

Un signe encourageant que le ministre a salué, affirmant qu’«Allah a gratifié notre pays d’averses bienfaisantes au moment où nos agriculteurs en avaient le plus besoin».

Dans son allocution, il est revenu sur la performance du secteur agricole ces dernières années, rappelant que le secteur se trouve confronté à des conditions climatiques difficiles, avec sept années consécutives de sécheresse. Malgré ce contexte, le ministère note une croissance de près de 6% pour la saison agricole 2024-2025 par rapport à la précédente.

«Ce n’est pas qu’un simple chiffre technique, mais la preuve que nos choix stratégiques ont été justes et qu’ils ont permis à l’agriculture de s’affirmer comme l’une des principales locomotives de la souveraineté alimentaire du Royaume», a-t-il insisté.

Le plan du ministère pour la campagne agricole 2025-2026

Pour la campagne 2025-2026, le ministère a élaboré un programme ambitieux, fondé sur une approche qu’il qualifie de «réaliste, structurante et adaptée à la rareté des ressources hydriques». Ainsi, 5 millions d’hectares seront mobilisés pour les cultures d’automne, dont 4,4 millions d’hectares de céréales principales.

Un million et demi de quintaux de semences certifiées seront mis à disposition à prix réduit pour toutes les cultures, avec des prix subventionnés spécifiquement pour les céréales, tandis que le soutien aux légumineuses alimentaires et fourragères sera renforcé.

De plus, 650.000 tonnes d’engrais phosphatés seront disponibles aux mêmes prix que la saison précédente, afin d’alléger le coût de production pour les agriculteurs.

Pour faire face aux aléas climatiques, un million d’hectares ont été assurés contre les risques, notamment pour les céréales, les légumineuses et l’olivier. Le ministère poursuit également sa stratégie de développement du bio, avec 400.000 hectares semés en semis direct cette année et un objectif d’un million d’hectares d’ici 2030, dans le cadre de la transition vers une agriculture plus durable.

Exonération des pénalités pour les agriculteurs

Sur le plan financier, le ministre a annoncé une mesure attendue: la restructuration des dettes liées à l’irrigation, en partenariat avec le ministère de l’Économie et des Finances. Les agriculteurs bénéficieront d’une exonération des pénalités et frais de majoration, une décision qui vise à alléger la pression sur les exploitants les plus touchés par la sécheresse. Cette mesure concerne les dettes liées aux offices régionaux de mise en valeur agricole et aux frais d’eau.

S’agissant des ressources hydriques, la situation demeure préoccupante. Les barrages destinés à l’usage agricole ne disposent que de 3,6 milliards m³, avec un taux de remplissage de 28% dont 70% concentrés dans les bassins du Loukkos et du Souss.

En conséquence, le ministère maintient une gestion stricte de l’eau: une dotation d’irrigation temporaire de 452 millions de mètres cubes a été fixée pour les grands périmètres irrigués, représentant environ 8% des besoins. Des restrictions strictes ont été appliquées dans les régions du Gharb, Tadla, Moulouya, Tafilalet et Ouarzazate, tandis que l’irrigation reste suspendue dans d’autres zones.

Soutien renforcé à la filière animale

Le soutien du gouvernement s’étend également à la filière animale. Pour la filière laitière, des mesures sont mises en place pour encourager la production locale et protéger les femelles laitières, notamment grâce à l’importation de génisses de race pure.

Pour la filière viande rouge, la suspension des droits d’importation et de la TVA est prolongée jusqu’au 31 décembre 2025 afin de stabiliser les prix. Le ministère soutient aussi les cultures sucrières, programmées sur 61.000 hectares, ainsi que plus de 100.000 hectares de légumes très consommés, afin d’assurer un approvisionnement régulier des marchés.

Concernant la filière animale, le ministre a présenté une stratégie intégrée fondée sur le soutien à l’importation de génisses, l’interdiction de l’abattage des femelles reproductrices et un vaste programme de prévention sanitaire.

Cette stratégie s’inscrit dans un programme national ambitieux, doté de 12,8 milliards de dirhams d’ici 2026, visant à moderniser et structurer le cheptel. À ce jour, 35,8 millions de têtes ont été recensées dans une base de données centralisée, utilisée pour orienter les aides directes.

Enfin, le ministre a appelé l’ensemble des acteurs du secteur à rester mobilisés. «Notre responsabilité collective est de protéger la capacité productive nationale, de soulager le poids de la sécheresse sur nos agriculteurs et de préserver l’avenir du monde rural», a-t-il affirmé. Il a exprimé son espoir que les pluies continuent de bénir la campagne agricole: «Nous implorons Allah de faire de ces averses une source de bien pour tout le pays, aujourd’hui et pour les années à venir.» Il a rappelé avec force qu’il n’y a pas d’agriculture sans eau, tout comme il n’y a pas de vie sans elle.

Par Najwa Targhi
Le 18/11/2025 à 15h06