Royal Air Maroc: la compagnie nationale déficitaire bien avant la crise du Covid-19, selon la DEPP

Abdelhamid Addou, PDG de la RAM.

Abdelhamid Addou, PDG de la RAM. . DR

Un rapport de la Direction des établissements et entreprises publics (DEPP), accompagnant le projet de loi de finances 2021 fait état d’une perte de l’ordre de 131 millions de dirhams au titre de l’année 2019. En 2020, RAM s’attend à un résultat net déficitaire de -3,73 milliards de dirhams.

Le 20/10/2020 à 12h55

Repli du chiffre d’affaires de 16,7 à 16,1 milliards de dirhams, une perte nette de 131 millions de dirhams contre un gain de 821 millions de dirhams une année auparavant, une hausse de 58% de la dette globale, etc. Les principaux indicateurs de l'activité en 2019, publiés dans le rapport de la Direction des établissements et entreprises publics (DEPP), accompagnant le projet de loi de finances 2021, montrent à quel point les équilibres de Royal Air Maroc étaient fragiles, et ce, bien avant la crise sanitaire.

«L’activité de RAM a été impactée, en 2019, par l’évolution défavorable des cours de change (notamment l’euro), la tension avec les pilotes de ligne, l’immobilisation au sol des B737-8 Max, ainsi que la grève des bagagistes», explique la DEPP dans son rapport.

S’agissant de 2020, malgré la baisse du carburant (-28,5% du brent et -32,4% du Jet), la pandémie du Covid-19 a lourdement impacté l’activité de RAM, dont les indicateurs commerciaux seront détériorés à la fin de l'exercice (-55% en heures de vol, -58% du trafic et -7% en coefficient de remplissage), ajoute le rapport.

© Copyright : DRLa DEPP table sur une détérioration marquée des indicateurs financiers: -56% de chiffre d’affaires à 6,63 milliards de dirhams, un résultat d’exploitation négatif de 2,93 milliards de dirhams et un résultat net déficitaire de 3,73 milliards de dirhams.

«Eu égard à l’impact sévère de la crise de la Covid-19 sur le secteur du transport aérien au Maroc et à travers le monde, les parties prenantes poursuivent avec diligence les concertations en vue de la revue en profondeur du modèle de cette compagnie pour assurer un positionnement optimal sur le marché à travers notamment un plan de restructuration portant sur le redimensionnement optimal de la flotte, l’optimisation des charges et le reprofilage de ses effectifs», peut-on lire dans ce même rapport.

La crise que traverse RAM aura une incidence directe sur son actionnaire, le Fonds Hassan II, en raison des provisions que ce dernier aura à constater sur ses titres de participation.

«Le Fonds a été sollicité, en tant qu’actionnaire, dans le cadre du plan de sortie de crise de la RAM pour apporter son appui et soutien financier dans les circonstances exceptionnelles de la pandémie. Dans ce cadre, le Fonds a accordé une contribution financière de 1,5 milliard de dirhams en avances en comptes courants qui seront intégralement capitalisées lors de l’augmentation de capital de ladite compagnie», souligne le rapport de la DEPP, dans la partie réservée au Fonds Hassan II. 

Rappelons que lors de son passage devant la commission des finances à la Chambre des représentants, lundi 28 septembre, le ministre des Finances, Mohamed Benchaâboun, a affirmé que le gouvernement a décidé de réserver à RAM une enveloppe de 1,17 milliard de dirhams au titre du projet de loi de finances 2021, contre 700 millions de dirhams en 2020.

Début août dernier, lors d’un point de presse, l’argentier du Royaume a expliqué que le soutien financier destiné au plan de sauvetage de RAM, d’un montant global de 6 milliards de dirhams, se fera à hauteur de 60%, soit 3,6 milliards de dirhams, sous forme d’injections d’argent public dans le capital (augmentation de capital). Le reste, soit 2,4 milliards de dirhams (40% du total), prendra la forme de crédits garantis par l’Etat.

Par Wadie El Mouden
Le 20/10/2020 à 12h55