Le Maroc dispose d’énormes potentialités qu’il pourrait mettre à profit pour réaliser une émergence sociétale équitable à même d’assurer la dignité des citoyens et d’améliorer leur niveau de vie sur la base de sept leviers. C’est là l’une des principales conclusions de l’étude réalisée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et Bank Al-Maghrib sur "le capital immatériel: facteur de création et de répartition équitable de la richesse nationale", publiée en décembre dernier et présentée mercredi 10 janvier devant la Chambre des conseillers.
Comme l’a rappelé le président du CESE, lors du point de presse suivant cette présentation, l’étude a proposé plusieurs recommandations, qui découlent des constats de terrain, et qui peuvent aujourd’hui être enrichies par un débat entre les partenaires politiques, économiques et sociaux.
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Ainsi, le premier levier que propose cette étude pour développer la richesse globale du Maroc et assurer sa répartition équitable est-il lié au capital humain qui doit être renforcé. Car comme l’a démontré l’étude, le capital humain reste à ce jour la principale composante du capital immatériel du Maroc. Son développement améliorera de fait l’accès à l’emploi, l’augmentation de la productivité et l’insertion de l’économie de la connaissance impactant ainsi la création de richesses. «Son importance est telle qu’il suffit d’augmenter de deux ans le nombre moyen d’années d’études par adulte pour que la richesse globale du pays augmente de plus de la moitié», a conclu l’étude. C’est dire l’importance et le rôle de l’humain dans le développement auquel aspire le royaume.
Développer le capital humain, mais aussi institutionnelBien entendu, il ne faut pas omettre le rôle des institutions, et c’est pourquoi l’étude fait du renforcement du capital institutionnel le deuxième pilier pour le développement de la richesse au Maroc. Cela implique, selon le document, l’amélioration de l’efficacité des institutions et de la cohérence des politiques publiques au niveau national et territorial. Ceci devrait en toute logique contribuer à consolider la stabilité du pays, améliorer son attractivité, favoriser l’investissement et renforcer la confiance.
Le troisième pilier concerne le pacte social qui doit être renouvelé. Concrètement, l’idée est que la contractualisation d’un nouveau pacte social doit se faire dans l'objectif de renforcer la citoyenneté, tout en garantissant l’effectivité des droits, la réduction des inégalités sociales, régionales et entre milieu rural et milieu urbain, ainsi que la consolidation de la cohésion sociale. «Cela permettra de renforcer la stabilité du pays, de soutenir la demande intérieure et de préserver la paix sociale», peut-on lire dans le rapport de l’étude.
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La même source recommande de «consolider le socle commun de valeurs et d'ériger la culture en levier de développement» comme quatrième levier d’une émergence sociétale équitable au Maroc. Il s’agit de promouvoir les valeurs du projet sociétal commun, fondées sur la tolérance, le vivre ensemble, le dialogue et le partage ainsi que les valeurs individuelles positives favorisant le développement. «Il s’agira aussi de sauvegarder et de valoriser le patrimoine culturel, matériel et immatériel du pays, de libérer les talents et les énergies et de développer la créativité», recommande également l’étude.
Une transformation structurelle de l’économieLe cinquième pilier concerne la transformation structurelle de l’économie. Le Maroc doit en effet s’inscrire durablement et irréversiblement dans la voie de l’émergence durable et inclusive, afin de répondre aux besoins de la population en matière de création d’emplois. Il se révèle nécessaire, dans ce cadre, d’assurer la transformation structurelle de l’économie nationale en accélérant son processus de diversification productive, en développant l’économie du savoir et en densifiant le tissu économique productif.
Les deux autres piliers qui permettront d’augmenter la richesse globale du pays, qu’elle soit matérielle ou immatérielle, concernent le modèle national de développement et les partenariats. Pour le premier, il s’agit d’inscrire le modèle marocain dans une logique durable. Et pour cause, la croissance de la richesse ne doit pas se faire au détriment du bien-être et du cadre de vie des citoyens et des générations futures à travers une gestion non soutenable du capital naturel et le non-respect de l’environnement. Pour ce faire, le rapport propose d’intégrer les ambitions et les engagements du Maroc en matière de lutte contre les effets des changements climatiques dans les politiques publiques et de bâtir une nouvelle approche pour la gouvernance des ressources naturelles respectant l’environnement et les éco-régions.
Pour ce qui est des partenariats, le septième pilier consiste à faire du Maroc un pôle de stabilité et de partenariat solidaire, en profitant du rayonnement du royaume sur les scènes régionales et internationales grâce à ses politiques étatique, économique, sociale et de coopération. «Pour affermir le rôle du Maroc en tant que pôle de stabilité et de partenariat solidaire, il est nécessaire de renforcer le positionnement stratégique du Maroc, de consolider sa place en tant que pôle régional d’intégration et de développer son soft power», est-il ainsi recommandé.