Les opérateurs de l’hôtellerie broient du noir. A quelques heures de la réouverture des établissements hôteliers un peu partout au Maroc, les professionnels n’ont pas encore de visibilité sur les mesures qu'envisagerait de mettre en œuvre l’Etat pour venir à leur rescousse. «Le gouvernement est aux abonnés absents», se désole un opérateur parmi les poids lourds du secteur. Selon lui, «nous avons une équation à plusieurs inconnues que nous ne saurons pas solutionner sans un appui financier important et suffisant de la part de l’Etat».
Les opérateurs demandent à bénéficier de l’exonération de l’IGR, le maintien de l’indemnité-salaire de la CNSS pour leurs employés et un report des paiements des taxes et impôts. Mais le gouvernement aurait fait comprendre, en creux, aux représentants du secteur, qu’il ne s’avancera pas sur ce terrain miné. En effet, s’il cède à ces demandes, il devra les généraliser à tous les secteurs durement impactés par la crise sanitaire. Cette ouverture tellement espérée par les professionnels est donc close.
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Il reste en orbite aujourd’hui toute la panoplie des autres mesures discutées avec le département de tutelle. En haut de la liste, on trouve le financement bancaire du fonds de roulement. «Les échanges avec le GPBM avancent bien», confie notre interlocuteur. La solution mise en avant concerne le réaménagement sur mesure du «Crédit Relance». Pas question en effet de plafonner à un mois et demi du chiffre d’affaires 2019 le montant du crédit accordé.
«A l’inverse des entreprises industrielles, nous avons perdu 100% de la valeur ajoutée, parce que nous n'en avons pas en stock. La perte est totale. Les charges engagées pendant 4 mois n’ont généré aucun revenu», explique l’opérateur hôtelier. Et d’ajouter que «pour une entreprise industrielle par exemple, il y avait de la valeur ajoutée contenue dans les produits stockés. Les charges engagées tout au long des derniers mois augmentent, plus le coût de production des produits stockés. Il y a ainsi une destruction partielle de la valeur ajoutée, mais pas totale comme dans notre cas. Financer 1,5 mois du fonds de roulement est plus ou moins adapté à leur situation». (En d’autres termes, un produit stocké vendu habituellement 100 dirhams et dont le coût de production avant la crise est de 50 dirhams, coûtera aujourd’hui 70 dirhams. L’entreprise pourra en tirer une marge de 30 dirhams).
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Les hôteliers demandent aussi à lever la contrainte imposée par la CCG de n’avoir aucun litige ou incident bancaire. Plusieurs hôteliers traînent en effet depuis des années des ardoises dans les banques ou sont surendettés et ne peuvent, si cette contrainte est maintenue, prétendre au Crédit Relance dans sa forme actuelle.
Last but not least, les professionnels souhaitent que les banques aillent un peu plus dans cette démarche en multipliant aussi les offres de crédit à la consommation en direction des ménages. «Si nous voulons réussir à booster le tourisme interne, il est souhaitable que l’on se penche réellement sur ce sujet avec les banques et les sociétés de crédit. Les nationaux, comme partout ailleurs dans le monde, ont vu leur pouvoir achat s’éroder avec cette crise. Il faut réinventer les formules de crédit à la consommation destinées à financer les activités estivales des ménages», conclut notre interlocuteur.