L’expérience marocaine dans le domaine de la préservation et la restauration des forêts, qui sont de plus en plus soumises à des contraintes climatiques dans un contexte de demande croissante pour leurs produits, est un bon exemple pour le monde.
C’est ce qui ressort d’un rapport intitulé «The State of the World’s Forests 2024: Forest-sector innovations towards a more sustainable future» («L’état des forêts du monde 2024 : innovations du secteur forestier pour un avenir plus durable»), publié le lundi 22 juillet par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lors de la 27ème session du comité des forêts, qui se tient au siège de la FAO à Rome jusqu’à vendredi.
Cette expérience fait partie des 18 études de cas au niveau mondial, qui donnent un aperçu du large éventail d’innovations technologiques, sociales, politiques, institutionnelles et financières du secteur forestier qui sont testées et mises en œuvre dans des conditions réelles, indique le rapport.
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Pour le cas du Maroc, les auteurs du rapport relèvent l’amélioration de la gouvernance locale des ressources forestières pour servir à la fois l’agriculture et la restauration des forêts. Concrètement, précisent-ils, le pays a mis en place un programme d’incitations financières pour encourager les utilisateurs de la forêt, organisés en associations de pâturage, à respecter l’exclusion du pâturage des sites de restauration.
Par l’intermédiaire de leurs associations (dont le nombre a dépassé 175), les communautés sont responsables de la protection de leurs terres; elles planifient les périodes de pâturage pour éviter le surpâturage et permettre aux terres de se régénérer.
Ce qui a permis de restaurer plus de 100.000 hectares de terres dégradées, avec une amélioration du reboisement et une réduction significative des infractions au pâturage, selon la FAO.
Implication des communautés locales
Le rapport relève, par ailleurs, que le pâturage est une pratique répandue dans de nombreuses zones arides d’Afrique du Nord. Ce qui se traduit parfois par des impacts négatifs sur les forêts, en particulier en cas de surpeuplement, de perte des pratiques traditionnelles et d’absence d’implication communautaire.
Cependant, on peut remédier à ces effets négatifs grâce à une pratique connue sous le nom de sylvopastoralisme, c’est-à-dire l’intégration du pâturage, de la culture d’arbres et de la restauration, note-t-il.
Ce qu’a réussi à concrétiser l’expérience marocaine qui, en plus, repose sur une bonne gouvernance qui implique les communautés locales dans les décisions prises au niveau gouvernemental, souligne le rapport qui note que ce programme est financé par une taxe sur les importations de bois.
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L’implication accrue de la communauté a mis en évidence l’importance des connaissances locales dans la gestion des systèmes sylvopastoraux, conclut-il.
Globalement, le rapport sur l’état des forêts du monde 2024 indique que le changement climatique rend les forêts plus vulnérables aux incendies de forêt, aux espèces envahissantes, tels les insectes, les ravageurs et les agents pathogènes menaçant la croissance et la survie des arbres.
Explosion de la demande mondiale de bois rond
Il en ressort aussi que la production mondiale de bois est à des niveaux record, à environ 4 milliards de mètres cubes par an. Les projections indiquent que la demande mondiale de bois rond pourrait augmenter de 49% entre 2020 et 2050.
Face à ces défis, le rapport soutient que l’innovation dans le secteur forestier est un facteur crucial de progrès vers la réalisation des Objectifs de développement durable.
Le rapport énumère cinq mesures qui contribueront à accroître l’innovation dans le secteur forestier: sensibiliser, renforcer les compétences, les capacités et les connaissances en matière d’innovation, encourager les partenariats transformationnels, garantir un financement plus important et universellement accessible pour l’innovation et fournir un environnement politique et réglementaire incitatif.