A quelques jours de la réunion du prochain conseil de Bank Al-Maghrib, les analyses se multiplient pour anticiper la décision du régulateur, concernant la politique monétaire à adopter, dans un contexte de sortie de crise notamment marqué par la hausse de l’inflation.
A ce jour, les prévisions penchent plutôt pour un deuxième relèvement du taux directeur de la banque centrale après une première hausse de 50 points de base à 2%, en septembre dernier. Contacté par Le360, Omar Bakkou, économiste, spécialiste en politique de change au Maroc, table sur un relèvement de 50 points de base du taux directeur qui devrait ainsi se situer à 2,5%.
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Selon cet économiste, plusieurs éléments laissent prévoir le resserrement de la politique monétaire durant les prochains jours, dont la reprise «normale» de l’activité économique. «On peut dire que la parenthèse de la crise est fermée aujourd’hui avec la reprise de l’activité économique. Il n'y a donc plus de raison d’adopter une politique monétaire non conventionnelle et il faut revenir au taux directeur d’avant la crise du Covid-19», explique-t-il.
Pour Omar Bakkou, Bank Al-Maghrib devrait également relever son taux directeur pour contrer les tensions inflationnistes qui se confirment et qui nécessitent l’intervention du régulateur pour empêcher la flambée des prix des différents produits de consommation à moyen et long terme.
Un troisième argument, et qui n’est pas des moindres, devrait pencher en faveur du relèvement du taux directeur à savoir l’encouragement de l’épargne et de l’investissement sur le marché des capitaux. «Parallèlement à son rôle de régulateur de la monnaie, la banque centrale se doit de veiller au bon fonctionnement du système financier. Il faut que le taux d’intérêt réel puisse maintenir l’équilibre entre l’offre d’épargne et la demande d’investissement et le taux d’intérêt actuel est négatif et n’encourage pas l’épargne», indique Omar Bakkou.
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Même avis pour les analystes de CDG Capital Insight qui tablent, dans leur dernière note d’analyse, sur une augmentation du taux directeur de 50 points à 2,50%. Cette prévision est motivée par la poursuite du resserrement des politiques monétaires, adoptées par la quasi-majorité des Banques centrales au niveau international, même dans certains pays où les tensions inflationnistes sont d’origine externe, ou liées à un choc d’offre à l’image du Maroc.
«La persistance des dérapages inflationnistes, alimentaires et non alimentaires, impactant aussi bien la composante globale que sous-jacente, laissant présager ainsi, une durabilité de l’inflation pour le prochain exercice 2023, principalement sur la base d’un effet psychologique d’anticipation par les opérateurs et les ménages», expliquent-ils.
Selon les analystes de CDG Capital, le resserrement de la politique monétaire serait également le résultat du «redressement du taux d’accroissement des prêts accordés au secteur privé, et ce grâce aux différents mécanismes de garantis misent en place en collaboration avec Tamwilcom, ancienne Caisse Centrale de Garantie (CCG), qui favorisent une distribution de l’ensemble des catégories de crédits en faveur des entreprises à des taux privilégiés».
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L’autre facteur soulevé par la note de CDG Capital Insight est la perspective favorable de la croissance économique en 2023, sur la base de l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne 2022-2023 avec une production céréalière autour de 75 millions de quintaux.
Les analystes d’Attijari Global Research tablent quant à eux, dans leur dernier rapport trimestriel, sur un relèvement du taux directeur entre 50 et 75 points: «après un premier relèvement du taux directeur en septembre dernier de 50 points à 2%, nous pensons que la banque Centrale poursuivrait son durcissement monétaire en décembre dans un contexte inflationniste au Maroc qui s’avère plus durable que prévu».
Leur rapport précise de plus qu'en «tenant compte de notre scénario central d’une hausse du taux directeur de Bank Al-Maghrib en décembre 2022 allant de +50 points à +75 points, [Attijari Global Research] anticip[e] la poursuite des pressions haussières sur la courbe des Taux au Maroc durant les trois prochains mois».