Le premier Projet de loi de finance (PLF) entièrement élaboré par le gouvernement Akhannouch devrait voir le jour dans les semaines à venir. Un texte très attendu pour relancer la machine économique qui fait face à des crises successives depuis le déclenchement de la pandémie de Covid-19.
«L’année 2023 est une année de relance, mais également une année pour mettre les jalons d’une croissance à moyen et long termes pour l'émergence et le développement de l’économie nationale. Le défi est double. Il y a un effort à faire pour soutenir les secteurs sociaux et les réformes, mais également accompagner l’économie à travers la stimulation de l’investissement», explique pour Le360, le doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) à l’Université Hassan II de Casablanca.
Lire aussi : PLF 2023: ce qu’il faut retenir de la note de cadrage de Aziz Akhannouch (Document)
Un équilibre nécessaire pour remédier aux disparités sociales et accélérer le développement de l’économie nationale pour créer davantage de valeur ajoutée. «Le Maroc a des indicateurs économiques et financiers qui sont relativement positifs, l’économie nationale est bien appréciée par les institutions internationales, mais ce n’est malheureusement pas le cas pour les indicateurs de développement social», précise-t-il.
L'économiste explique néanmoins que «le développement social ne passe pas forcément par des dépenses financières, ça peut être un rééquilibrage et une réduction des disparités, une réforme fiscale ou une amélioration de la qualité de l’enseignement. Il faut penser à des alternatives, une vision et une stratégie claire».
Interrogé sur la pertinence de recourir à l’endettement pour financer les réformes sociales et économiques, Abdellatif Komat estime que l’endettement n’est pas une mauvaise chose en soi, à condition qu’il soit orienté vers l’investissement et le financement des réformes structurelles.
«Le Maroc a une marge de manœuvre relativement limitée. La dette du Trésor et des établissements publics rapportée au PIB frôle les 100%, il faut donc éviter au maximum le recours à l’endettement, parce que cela hypothèque les générations futures et crée un risque de dépendance, mais si cela s’avère nécessaire, il faut orienter la dette vers la création de valeur», souligne-t-il.
Sur le volet fiscal, cet économiste estime que le gouvernement devrait accélérer la mise en place de la réforme fiscale attendue depuis plusieurs années par l’ensemble des parties prenantes de l’écosystème national, afin de garantir plus d’équité.
«La réforme fiscale attendue a plusieurs objectifs, notamment, la réduction des disparités sociales et l’intégration de l’informel. Il s’agit donc d’avoir une fiscalité attractive avec plus de simplification et d’assouplissement. La fiscalité devrait également permettre de financer les projets sociaux notamment la couverture sociale», souligne Abdellatif Komat.
Et d’ajouter: «Si un budget de 8,4 milliards de dirhams a été intégré dans la loi de finance 2022 pour financer la première étape de la généralisation de protection sociale, il reste encore la généralisation des allocations familiales, l’indemnité pour perte d’emploi et la généralisation de la retraite. On parle d'un budget global de 51 milliards de dirhams dont près de 50 % incombe à l’Etat. Tout cela a besoin de financement et sans une fiscalité qui permet de dégager des ressources, on ne pourra pas aller très loin».