Invité hier, dimanche 20 février de l’émission «Maa Ramdani» sur 2M, le ministre de l’Agriculture, Mohammed Sadiki, a mis l’accent sur l’ampleur de l’épisode de sécheresse que traverse actuellement le Maroc, lequel compromet sérieusement la campagne agricole 2021-2022.
«Une telle sécheresse n’a pas été observée au Maroc depuis 1981, soit depuis plus de 40 ans», a-t-il expliqué, soulignant que cette situation extrême était la conséquence à la fois de la rareté des pluies et du faible niveau des réserves hydriques dans les barrages du Royaume.
«2016 était aussi une année sèche, mais nous disposions alors de réserves en eau dans les barrages, qui nous ont permis de limiter les dégâts», a-t-il expliqué.
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Mais pour l’actuelle campagne agricole, la situation est tout autre. «Dès le mois de septembre, lors de la préparation de la campagne, nous avons constaté que les réserves des barrages étaient à des niveaux inhabituellement bas», a souligné le ministre.
«On sortait d’une saison agricole très bonne, alors que les pluies étaient déjà relativement limitées. Elles ont permis de faire de bonnes récoltes, mais pas de remplir les barrages et les nappes. On partait donc déjà avec un déficit hydrique», a-t-il précisé.
En outre, «les pluies ont tardé au début de la saison, et quand elles sont arrivées dans certaines régions, elles étaient clairsemées et insuffisantes. Puis elles ont disparu». Selon le ministre, les précipitations sur cette saison agricole sont en baisse de 67% par rapport à une année normale, et ces pluies étaient mal reparties sur le territoire.
Seules quatre régions ont pu bénéficier de ces précipitations, estimées aujourd’hui à 76 mm. Il s’agit de Casablanca-Settat, de Rabat-Salé-Kénitra, Tanger-Tetouan-Al Hoceïma, et Fès-Meknès. «Les autres régions n’ont quasiment pas eu de pluies», a déploré Sadiki.
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Dès octobre 2021, les équipes du ministère ont procédé à des interventions ciblées dans les régions les plus touchées par le manque d’eau, notamment à Figuig, Jerada, et dans le Tafilalet, pour fournir de l'aliment au bétail.
«Sur un plan local, dans ces régions, l’Etat intervenait déjà dès le début de la campagne agricole. Ces interventions ciblées ont permis de préserver le cheptel, par exemple dans la région de Figuig, et de maintenir un certain équilibre des prix», a expliqué le ministre. «Dès qu’on observe que les prix de la production baissent sur les marchés et que ceux des aliments de bétail commencent à augmenter, on intervient», a-t-il précisé.
Aujourd’hui, l’intervention de l’Etat pour soutenir les agriculteurs devient globale, avec le lancement, sur instructions royales le 16 février dernier, d'un plan d'urgence pour atténuer les effets du retard des précipitation, qui nécessitera une enveloppe financière globale de 10 milliards de dirhams.
A la question de savoir si les récoltes des agriculteurs sont perdues, le ministre a eu cette réponse: «3,6 millions d’hectares ont été labourés pour les céréales cette année, contre 4,5 millions habituellement. Dans la région de Marrakech et Settat, la situation est difficile, et certaines cultures sont perdues, mais plus en remonte vers le Nord et plus l’espoir est permis de sauver la saison».