Mohamed Boussaïd: pourquoi le taux de croissance de 2018 a été revu à la hausse

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Le ministre de l'Economie et des finances a annoncé, jeudi 19 juillet à Rabat, la révision à la hausse de 3,2% à 3,6% des prévisions de la croissance au titre de 2018. Il s'en explique.

Le 20/07/2018 à 08h58

Boussaïd, qui présentait un exposé sur le bilan d’exécution de la Loi de finances (LF) au titre de l’année 2018 et les perspectives de la LF2019, a passé en revue les principaux indicateurs économiques internationaux et nationaux qui ont fait état d’une amélioration continue des perspectives de la croissance économique mondiale, notamment avec une relance du commerce international, a indiqué le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi dans un communiqué lu lors d'un point de presse à l'issue de la réunion du Conseil de gouvernement.

Cette amélioration, a-t-il poursuivi, reste menacée par des conflits protectionnistes, des politiques monétaires d’austérité, ainsi que par la volatilité des prix du pétrole.

Au niveau national, Boussaïd a souligné l’accélération notable de la croissance des activités non agricoles, à la faveur de la bonne tenue de l’ensemble des secteurs, à l’exception de celui des travaux publics.

Les secteurs de la pêche maritime et des phosphates ont ainsi enregistré des hausses respectives de 5,7% et 6,4% au cours du premier semestre de 2018, alors que le taux d’utilisation de l’énergie de production au niveau industriel s’est situé à 62,4%, a-t-il précisé, faisant savoir que le tourisme a connu une progression de 11,8% du nombre de touristes et de 10,7% des nuitées à fin avril 2018. Et d’ajouter que le crédit bancaire a, de son côté, affiché une légère hausse de 2,4 milliards de dirhams durant cinq mois, tandis que l’inflation s’est établie à 2,4%.

S’agissant de l’emploi, Boussaïd, qui a cité des données publiées par le Haut-commissariat au plan, a fait état de la création de 116.000 emplois d’une légère baisse du taux de chômage de 10,7% à 10,5% entre le S1-2017 et le S1-2018. Toutefois, le taux de chômage reste élevé dans le milieu urbain avec plus de 15,6%, ainsi que chez les jeunes et les diplômés, ce qui nécessite de déployer davantage d’efforts au niveau des priorités du projet de la LF2019, a-t-il relevé.

Par ailleurs, Boussaïd a fait remarquer que les exportations ont connu une évolution positive de 11,4% à 140,2 milliards de dirhams, alors que les importations ont augmenté de 9,9% à 241 milliards de dirhams, notant que le déficit commercial a ainsi atteint les 100 milliards de dirhams. Il a également indiqué que les recettes touristiques et les transferts des Marocains résidant à l’étranger ont progressé respectivement de 15% à 31 milliards de dirhams et de 8,5% à 32 milliards de dirhams, tandis que les investissements directs étrangers ont reculé de 15 milliards de dirhams en 2017 à 10 milliards de dirhams durant l’année en cours.

Pour ce qui est des réserves internationales, elles avoisinent 5 mois et 15 jours, en repli par rapport à fin décembre 2017, a relevé le ministre, estimant que le déficit du compte courant de la balance des paiements se situerait à 4% malgré l’augmentation de la facture énergétique.

A la lumière de ces indicateurs, Boussaïd a présenté le bilan de l’exécution de la LF2018 qui a fait ressortir une hausse des recettes fiscales de 785 millions de dirhams, des dépenses du personnel (+53 milliards de dirhams) et des dépenses de la caisse de compensation à 8,2 milliards de dirhams, ainsi qu’une baisse des recettes non fiscales de 1,9 milliard de dirhams.

Quant à l’investissement public, le taux d’émission s’est amélioré pour atteindre 31,7 milliards de dirhams, contribuant à l’aggravation du déficit de 8 milliards de dirhams, ce qui indique l’effort public consenti.

Boussaïd a dans ce sens, noté que les finances publiques ont préservé leurs équilibres en dépit des contraintes ayant marqué le premier semestre de cette année, faisant observer que 2019 connaîtra la hausse du nombre des dépenses au niveau de la gestion, de la retraite et la couverture sociale (22 milliards de dirhams), ainsi que sur le plan des efforts déployés en faveur du développement des provinces du sud et des programmes de lutte contre les disparités territoriales. Il s'agit aussi des efforts visant à promouvoir les programmes de développement intégrés des villes, le dialogue social, ainsi que d'autres projets de réforme en cours.

Il a souligné la nécessité de bien définir les priorités conformément aux hautes orientations royales, au programme gouvernemental et aux orientations qui seront adoptées lors du conseil des ministres.

Selon le responsable, la LF2019 se focalisera essentiellement sur certaines priorités, notamment l’enseignement, la santé, l’emploi, le dialogue social, la poursuite des grandes réformes et des stratégies sectorielles afin de renforcer la confiance et de préserver les équilibres macroéconomiques conformément à l’article 77 de la Constitution. Boussaïd a également fait savoir qu’en 2019, le principe de la programmation pluriannuelle entrera en vigueur avec la présentation des perspectives des trois prochaines années des finances publiques.

Le 20/07/2018 à 08h58