L’heure est grave, prévient un think tank: l'appel de détresse (et les recommandations) de professionnels du tourisme

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Le collectif de la nouvelle génération d’entrepreneurs touristiques au Maroc, les membres d'un think tank, composé de dirigeants d’entreprises touristiques, tire la sonnette d’alarme et lance un appel à une action forte du gouvernement pour éviter le démantèlement du tissu industriel touristique national. L’heure est grave, préviennent-ils.

Le 26/05/2021 à 10h31

Après plus de 15 mois d’arrêt net de l’activité, l’absence totale de visibilité quant à la sortie de cette crise demande des mesures sérieuses et immédiates, tant pour tenter de sauvegarder ce qu’il reste de l’outil de production touristique et de maintenir un soupçon de paix sociale, que pour permettre une relance de l’activité, souligne le collectif de la nouvelle génération d’entrepreneurs du Tourisme, dans un communiqué.

Le collectif de la nouvelle génération d’entrepreneurs du Tourisme est un think tank de dirigeants d’entreprises touristiques intégrant toute la chaîne de valeur touristique marocaine (hôteliers, agents de voyages, transporteurs touristiques, investisseurs touristiques, loueurs de voitures, etc.) membres de leur fédérations professionnelles respectives, qui souhaite apporter, à travers la mise en commun des meilleures pratiques internationales, une nouvelle énergie et une nouvelle manière d’aborder la gestion du tourisme au Maroc.

Pour remédier à l'actuelle situation de crise, ce think tank propose six mesures considérées comme «fondamentales» pour la sauvegarde et la relance du tourisme au Maroc:

1 - La prorogation du mécanisme de l'indemnité forfaitaire de 2.000 dirhams et les mesures liées à celle-ci, jusqu'à 3 mois minimum après la levée de l'état d'urgence sanitaire. Le collectif estime que ce délai est un minimum puisqu'il y a unanimité sur la durée de la crise et la lenteur de la reprise. «C'est la même logique d'aide à la reprise qui a prévalu au deuxième semestre 2020. A défaut, les faillites vont s'accélérer et les licenciements, évités depuis 15 mois, vont s'imposer», précisent les membres de ce think tank. 

2- La prolongation pour l’ensemble des employés du secteur, des reports de crédits et de traites jusqu'à la levée de l’état d’urgence sanitaire. Actuellement, les salariés du secteur font face à une double peine, constate le collectif. D’une partj la réduction du revenu, au mieux à 50%, et bien plus en moyenne et, d’autre part, la poursuite des prélèvements bancaires pour les traites avec les agios et les frais d’impayés qui s’accumulent. «Les indemnités forfaitaires de la CNSS de 2.000 dirhams sont virées sur leur compte et prélevées immédiatement par les banques, ne laissant de fait les salariés sans aucun revenu disponible pour survivre pendant cette période», ajoute le communiqué. «Un accord doit être trouvé entre le GPBM et Bank Al-Maghrib pour soulager ces salariés de cette pression additionnelle, d’autant que n’ayant aucun revenu, ils sont dans l’incapacité de payer. A défaut, ces salariés changeront de secteur et l’industrie perdra une expertise indispensable au redémarrage de l’activité», met en garde le collectif.

3- La levée totale des restrictions de la circulation inter-régionale

4- La réouverture du trafic international graduellement et par étapes, en priorisant les vaccinés et, en sus et à défaut, les tests PCR négatifs, à partir du 15 juin 2021. Le tout à annoncer sans délai et à l'avance, de sorte à permettre à tous les maillons de la chaîne (nationaux et étrangers) de se reprogrammer pour ces échéances. 30 à 60 jours de délai à partir de l'annonce publique sont un minimum pour "réamorcer la pompe", estime le collectif. L'annonce d'un rétro-planning sur 30 à 60 jours ne signifie pas son immuabilité en toutes circonstances. Le collectif invite à voir les exemples du Royaume-Uni, de la France, de l'Espagne, etc. «Une annonce forte aujourd'hui n'empêche pas un ajustement ultérieur si les circonstances à venir devaient l'exiger», poursuit le communiqué du think tank.

5- La vaccination priorisée des salariés du secteur, à commencer par ceux déclarés à la CNSS. En dehors de l’efficacité objective de la mesure, il y a un effet de communication vis-à-vis du marché international qui positionnera le Maroc comme pays à la pointe de la gestion du Covid-19 et donc comme une destination prioritaire pour un tourisme en sécurité, soutient le collectif.

6- L'arrimage du Maroc aux mécanismes du Pass sanitaire de l'UE, afin de pouvoir s’intégrer dans le circuit général de programmation des compagnies aériennes et tour-opérateurs internationaux.

Le collectif se dit conscient des défis auxquels le Maroc doit faire face pour assurer la sécurité sanitaire de ses citoyens, mais demande que l’on prenne en compte également la dimension sociale et économique et la détresse dans laquelle se trouvent l’ensemble des parties prenantes de l’industrie touristique.

Par Ayoub Khattabi
Le 26/05/2021 à 10h31