En présence de son secrétaire général, Mathias Cormann, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a dévoilé ce mercredi 11 septembre à Rabat les conclusions de la première étude économique sur le Maroc.
Le desk économique de l’OCDE qui a mené l’étude affirme avoir été confronté à un manque flagrant de données actualisées et de qualité. «Le manque de statistiques et de données exhaustives constitue un obstacle majeur à l’efficacité de l’élaboration des politiques publiques au Maroc», lit-on dans le document rendu public ce matin.
«Des indicateurs fondamentaux de comptabilité nationale et un large éventail de statistiques sont publiés. Ces informations présentent cependant de nombreuses lacunes en termes de couverture et d’actualité. Il manque souvent des informations méthodologiques. Les informations statistiques sont publiées par divers organismes publics et il n’existe pas de plateforme en ligne unique de diffusion des données», conclut la même source.
L’OCDE déplore l’indisponibilité de données utiles pour analyser l’économie marocaine et réaliser des comparaisons internationales. En l’occurence, il devrait pouvoir s’appuyer sur des comptes publics fondés sur la méthodologie de la comptabilité nationale, des données agrégées sur l’investissement comparables aux données budgétaires sur l’investissement et des données ventilées entre investissement immobilier et investissement en infrastructures.
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«D’autres catégories de données étaient auparavant disponibles, mais elles ne sont plus produites depuis quelques années, alors qu’elles seraient essentielles à l’analyse de certaines questions économiques majeures», poursuit le document, citant l’exemple des enquêtes sur l’économie informelle, dont la dernière remonte à 2014.
Naturellement, le Haut-Commissariat au plan (HCP) est nommément cité par l’étude, qui lui reproche de n’avoir renouvelé ni l’enquête auprès des ménages, ni le recensement économique, ni l’enquête sur l’investissement public depuis 2014. Pis encore, «les résultats de nombre de ces enquêtes n’ont été diffusés que 4 à 5 ans après leur réalisation, ce qui a réduit leur utilité et leur intérêt global».
Vers la création d’un organisme centralisateur
Pour remédier à ces lacunes, l’appareil statistique national doit être réorganisé et des investissements réalisés, recommande l’étude. L’OCDE insiste sur la nécessité de centraliser la collecte des données pour garantir leur qualité, leur conformité aux normes internationales et leur comparabilité.
L’étude estime que le HCP pourrait jouer ce rôle, sous réserve toutefois de diffuser les données qu’il collecte et produit au lieu de ne se concentrer que sur ses propres études.
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En outre, l’OCDE appelle à renforcer la coordination des activités statistiques entre les différents producteurs au moyen de nomenclatures normalisées afin d’éviter la duplication des travaux, tout en veillant à ce que les fonctions de coordination soient clairement exposées et ancrées dans la législation sur la statistique.
Lors de son intervention ce mercredi en marge de la présentation de l’étude économique du Maroc, Nadia Fettah, ministre de l’Economie et des finances, a exprimé son soutien à la recommandation de l’OCDE, qui préconise de centraliser la collecte.
«Le cadre actuellement en vigueur au Maroc, qui a déjà accompli des efforts significatifs en matière de données statistiques, est appelé toutefois à se renforcer, notamment à travers les opportunités offertes par les nouvelles technologies, en matière d’intelligence artificielle et de machine learning», a souligné Nadia Fettah.