Les lacs collinaires… une expérience hydrique pionnière qui redonne vie au désert d’Es-Semara

Un lac collinaire stockant la pluie dans la région d'Es-Semara. (K.Sabbar/Le360)

Le 05/10/2025 à 09h04

VidéoÀ Es-Semara, les collines retiennent désormais l’eau, des lacs collinaires y stockent les pluies et les crues saisonnières, soutenant l’agriculture, l’élevage et le développement local dans cette région désertique.

Située à plus de 200 km à l’ouest de la mer, la province d’Es-Semara se caractérise par un climat désertique et aride. Pour faire face à la rareté de l’eau, elle a lancé ces dernières années plusieurs projets hydriques innovants. Parmi eux, la création de petits lacs sur les collines. Ces ouvrages, inscrits dans les politiques nationales de développement durable et de sécurité hydrique, visent à soutenir l’agriculture et l’élevage.

Érigés sur des hauteurs ou des terrains inclinés, ils fonctionnent comme des réservoirs naturels: ils captent les eaux de pluie et les crues saisonnières, les conservent et les restituent durant les périodes de sécheresse.

Un projet stratégique

Cette politique commence à porter ses fruits, notamment après les précipitations récentes dans la ville et ses environs. Les lacs ont permis de stocker d’importantes quantités d’eau, selon Mustapha Atef, directeur régional de l’Agriculture à Es-Semara.

«La province d’Es-Semara a suivi cette politique pour assurer l’eau face aux changements climatiques et au manque de pluie. Avec les autres partenaires de la région et les autorités locales, nous avons donc construit ces lacs pour récupérer l’eau nécessaire à l’abreuvement du bétail, surtout en été, quand la chaleur est très intense.»

Des retombées positives

Lors d’une visite sur le terrain, de nombreux éleveurs ont exprimé leur satisfaction. Ces lacs représentent un vrai tournant après près de neuf années de sécheresse. «Même une petite pluie nous semble déjà une bénédiction. Alors, quand il en tombe davantage, c’est pour nous un véritable trésor. Grâce à ces précipitations, des lacs ont pu se former dans notre région, après huit ou neuf années marquées par une sécheresse sévère. Nous en avions un besoin vital. C’est une grâce de Dieu, et nous espérons qu’Il continuera à nous accorder Sa bénédiction afin que notre situation s’améliore encore», affirme Moulay Abdellah Bakrine, premier vice-président de l’Association régionale des éleveurs de chameaux à Es-Semara.

Cette année, l’activité agricole connaît un nouvel élan grâce à l’abondance de l’eau. La création des lacs a considérablement allégé le fardeau financier des éleveurs, moins dépendants de l’achat de fourrages. «Nous pouvons désormais irriguer nos cultures et abreuver notre bétail avec l’eau de pluie stockée, au lieu de recourir aux camions-citernes, des solutions temporaires qui ne suffisaient pas», témoigne l’un d’entre eux.

De leur côté, les autorités hydriques assurent une surveillance permanente de la qualité de l’eau et en interdisent la baignade, afin de préserver ces ressources vitales.

Un gain pour le développement local

Mais l’impact ne s’arrête pas à l’agriculture, ces lacs se sont transformés en espaces naturels de loisirs pour les habitants, qui viennent y prendre le thé ou simplement profiter du plein air. L’ouverture de la route internationale reliant Es-Semara à la Mauritanie a rendu ces sites encore plus accessibles et a renforcé le lien entre la ville et les zones pastorales environnantes.

Le projet des lacs sur les collines d’Es-Semara change la donne pour les habitants. En assurant un approvisionnement régulier en eau, il améliore concrètement leur quotidien et limite l’exode rural lié à la sécheresse et au manque de ressources.

Mais l’impact va au-delà de l’humain, ces lacs contribuent aussi à préserver l’équilibre écologique local, à condition que l’eau soit gérée avec prudence et équité. Une gestion responsable est essentielle pour garantir la durabilité de ces ressources et éviter tout gaspillage ou usage désordonné.

Par Hamdi Yara et Khadija Sabbar
Le 05/10/2025 à 09h04