Lenteurs bureaucratiques, l’ennemi de l’investissement

Avec un stock d’IDE dépassant les 72 milliards de dollars (soit 53% du PIB), le Maroc bénéficie d’une confiance soutenue des investisseurs internationaux.

Revue de presseAvec 72 milliards de dollars d’IDE et des investissements dans des secteurs d’avenir comme l’électromobilité, le pays attire les investisseurs. Toutefois, les lenteurs bureaucratiques et l’instabilité réglementaire freinent encore son potentiel. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 26/03/2025 à 20h29

Avec une croissance attendue de 5,6% en 2025, l’économie marocaine repose sur des fondamentaux solides: stabilité politique, industrialisation dynamique et diversification sectorielle. Son tissu productif allie industries de pointe (automobile, électronique, aéronautique), secteurs traditionnels à forte valeur ajoutée (phosphates, agroalimentaire) et services tournés vers l’export, affirmant ainsi sa place sur la scène économique mondiale.

Le Maroc se distingue par un réseau dense d’accords de libre-échange lui ouvrant les portes des marchés européens, nord-américains et moyen-orientaux. Contrairement à d’autres économies de la région MENA, souvent concentrées sur quelques filières, il affiche une structure commerciale équilibrée avec un indice de diversification de 86, au-dessus des moyennes régionale et mondiale, garantissant une résilience accrue face aux chocs extérieurs. Un rapport de BMI (Fitch Solutions), repris par le quotidien L’Economiste dans son édition du 27 mars, dresse un état des lieux détaillé des opportunités et défis du marché marocain.

L’essor des infrastructures logistiques constitue un levier essentiel. Le port Tanger Med, désormais l’un des principaux hubs à conteneurs de Méditerranée, illustre la stratégie du Maroc pour s’intégrer aux chaînes de valeur mondiales. L’émergence des zones industrielles intégrées et des plateformes multimodales renforce encore cette dynamique.

Avec un stock d’IDE dépassant les 72 milliards de dollars (soit 53% du PIB), le Maroc bénéficie d’une confiance soutenue des investisseurs internationaux. Des géants comme Stellantis et Gotion High Tech y implantent des unités stratégiques dans les secteurs d’avenir (électromobilité, batteries). Toutefois, malgré ces avancées, des freins structurels persistent: les lenteurs administratives, la complexité des procédures et l’instabilité réglementaire continuent de poser problème, malgré les efforts de digitalisation et la mise en place de guichets uniques.

Un défi majeur demeure: la forte dépendance énergétique. En l’absence de ressources hydrocarbures significatives, le Maroc importe l’essentiel de ses besoins, ce qui l’expose aux chocs exogènes et pèse sur les équilibres budgétaires. Bien que les ambitions en matière de transition énergétique soient réelles, elles n’ont pas encore permis de compenser ce déficit.

Autre source de vulnérabilité: 63% des exportations marocaines sont destinées à l’Union européenne. Toute perturbation économique ou durcissement réglementaire dans la zone euro se répercute immédiatement sur l’activité. De plus, la sécheresse récurrente et le stress hydrique fragilisent le secteur agroalimentaire et, par extension, l’ensemble de la chaîne logistique, entraînant des effets inflationnistes et des déséquilibres sur la balance commerciale.

Classé 77e mondial en matière de climat des affaires, le Maroc a engagé des réformes, mais le cadre juridique reste perfectible. Chevauchements institutionnels, lenteur des procédures et volatilité réglementaire nuisent à l’attractivité pour les investisseurs, notamment les nouveaux entrants. L’absence d’une justice commerciale spécialisée et l’application inégale des règles alimentent une perception d’insécurité juridique, lit-on.

Dans le domaine de la propriété intellectuelle, bien que le cadre législatif soit aligné sur les standards internationaux, des lacunes dans l’application des lois freinent le développement des secteurs innovants. Par ailleurs, des barrières tarifaires et non tarifaires persistent, comme l’illustrent les droits de douane appliqués aux produits turcs, ajoutant une dose de protectionnisme ponctuel.

Le secteur financier marocain, bien que stable, manque encore de profondeur et d’attractivité pour les investisseurs étrangers. Le marché des capitaux demeure limité, freinant ainsi le financement des entreprises et l’essor des projets à forte valeur ajoutée.

Si le Maroc affiche des atouts indéniables -diversification, infrastructures modernes, ouverture commerciale- il doit encore lever des obstacles structurels pour consolider sa croissance et améliorer son attractivité. L’accélération des réformes administratives, une stratégie énergétique renforcée et une meilleure adaptation aux défis climatiques seront des leviers décisifs pour pérenniser son essor économique.

Par Lamia Elouali
Le 26/03/2025 à 20h29

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