Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a publié sa note d’information sur les comptes nationaux des secteurs institutionnels pour l’année 2024, mettant en lumière une amélioration globale des principaux agrégats économiques. Le produit intérieur brut (PIB) en valeur (qui inclut à la fois la croissance réelle de l’activité et l’effet de l’inflation) a atteint 1.596,8 milliards de dirhams (MMDH), en progression de 7,9% par rapport à 2023.
Cette dynamique s’est accompagnée d’une meilleure répartition de la richesse créée entre les différents secteurs institutionnels. Les sociétés, les administrations publiques et les ménages ont joué des rôles différenciés dans la formation du revenu national, de l’épargne et de l’investissement.
Les comptes arrêtés par le HCP retracent l’ensemble de la séquence des opérations non financières et financières, offrant une lecture détaillée de la structure de l’économie nationale au cours de l’exercice 2024.
Les sociétés financières et non financières demeurent le premier moteur de la création de richesse, avec une contribution de 45,7% au PIB en 2024. Leur poids confirme leur rôle central dans l’activité productive, tout en consolidant leur place dans l’effort national d’épargne et d’investissement.
La part des administrations publiques dans le PIB s’est établie à 14,8%, en léger recul par rapport à 2023 (15%). Cette diminution relative traduit un rééquilibrage de la structure de la production nationale au profit du secteur privé.
De leur côté, les ménages et les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) ont contribué à hauteur de 28,4% du PIB, contre 29,5% une année auparavant, confirmant une légère contraction de leur poids productif.
Enfin, les impôts nets de subventions sur la production et les importations ont progressé pour représenter 11,1% du PIB, gagnant 1,2 point par rapport à 2023.
Le revenu national en hausse
Le Revenu national brut disponible (RNBD) a atteint 1.709,1 MMDH en 2024, enregistrant une hausse de 7,7% sur un an. Cette progression est portée par l’augmentation du revenu brut des sociétés (+8%), des ménages (+6,9%) et des administrations publiques (+10%).
Dans la répartition du RNBD, les ménages et les ISBLSM concentrent 63,1% du total, confirmant leur statut de premier bénéficiaire de la richesse nationale. Les administrations publiques en captent 20,3%, tandis que les sociétés se situent à 16,6%, dont 2,3% pour les sociétés financières.
Cette structure traduit une économie où la demande interne, portée par les ménages, demeure un pilier essentiel de la croissance.
Le revenu disponible brut (RDB) des ménages s’est établi à 1.059,7 MMDH, en progression de 6,7% en 2024. La rémunération des salariés a constitué 45,3% de ce revenu, tandis que le revenu mixte a représenté 39,4%.
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Les revenus de la propriété nets ont connu une forte hausse de 10,6%, renforçant leur contribution, aux côtés des prestations sociales et autres transferts nets, qui ont compté pour 32,9% du RDB des ménages. En revanche, les impôts sur le revenu et les cotisations sociales ont pesé négativement à hauteur de 17,6%.
Par habitant, le revenu disponible a atteint 28.808 dirhams, avec une progression de 6%. Combinée à une inflation très modérée de 0,9% en 2024, cette évolution a permis une amélioration du pouvoir d’achat de 5,1 points, contre seulement 1,8 point en 2023.
L’épargne nationale s’est élevée à 461,7 MMDH en 2024, en hausse de 11,6% par rapport à l’année précédente. Les sociétés y ont contribué à hauteur de 60,3%, les ménages et ISBLSM à 26,8% et les administrations publiques à 12,9%.
La formation brute du capital fixe (FBCF) a atteint 422,5 MMDH, soit une progression de 13,9% en un an. Cette performance est principalement tirée par la forte reprise des investissements des sociétés (+19,9%), ainsi que par la hausse de la FBCF des ménages (+7,9%) et des administrations publiques (+3,2%).
Les sociétés concentrent 59,2% de la FBCF nationale, contre 26,1% pour les ménages et ISBLSM et 14,7% pour les administrations publiques, confirmant la montée en puissance du secteur productif privé dans l’effort d’investissement.
L’endettement intérieur dominant
Le besoin de financement de l’économie nationale s’est établi à 18,5 MMDH en 2024, représentant 1,2% du PIB, contre 0,9% en 2023. Cette détérioration s’explique principalement par le basculement des sociétés non financières, passées d’une capacité de financement de 11,9 MMDH à un besoin de 8,2 MMDH.
Les sociétés financières ont, elles aussi, vu leur besoin de financement se creuser pour atteindre 9,1 MMDH. À l’inverse, les administrations publiques ont allégé leur besoin de financement, tandis que les ménages ont amélioré leur capacité de financement, atteignant 23,2 MMDH.
Cette évolution souligne un renforcement du rôle des ménages comme acteurs de l’épargne nette, dans un contexte de relance de l’investissement privé.
Pour couvrir leurs besoins de financement, les administrations publiques ont intensifié leur recours à l’endettement intérieur. Les émissions du Trésor sur le marché domestique ont dégagé un flux net de 48,8 MMDH en 2024, contre 40 MMDH en 2023.
En parallèle, l’endettement extérieur des administrations publiques a reculé, avec un flux net de 19 MMDH, contre 34,9 MMDH un an plus tôt. Les titres de créances émis à l’international ont même affiché une valeur négative de -9,4 MMDH.
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Les sociétés non financières ont réduit le recours au crédit bancaire, tandis que l’endettement des ménages a légèrement progressé. En revanche, les dépôts bancaires des ménages ont fortement augmenté, atteignant un flux net de 86,8 MMDH.
La valeur ajoutée aux prix de base a atteint 1.420,1 MMDH en 2024, contre 1.334,3 MMDH en 2023. La valeur ajoutée des sociétés non financières a progressé à 654,1 MMDH, celle des sociétés financières à 75,5 MMDH, celle des administrations publiques à 236,8 MMDH et celle des ménages et ISBLSM à 453,7 MMDH.
Ces résultats confirment une économie marquée par une croissance en valeur soutenue, une amélioration sensible du pouvoir d’achat des ménages et une reprise nette de l’investissement, dans un contexte de rééquilibrage progressif des comptes de financement.







