Leadership ferroviaire: Mohamed Rabie Khlie dévoile une stratégie de transformation à l’horizon 2030

Mohamed Rabie Khlie, Directeur général de l’ONCF, lors de la 4ème édition du Rail Industry Summit Morocco les 9 et 10 décembre 2025 à El Jadida.

À El Jadida, le Maroc a réaffirmé son ambition ferroviaire continentale où devant plus de 250 entreprises internationales, le directeur général de l’ONCF, Mohamed Rabie Khlie, a dévoilé une stratégie d’expansion sans précédent, portée par un investissement de 96 milliards de dirhams et par la volonté du Royaume de devenir le hub ferroviaire majeur de l’Afrique à l’horizon 2030.

Le 10/12/2025 à 19h51

La 4ème édition du Rail Industry Summit Morocco a réuni, les 9 et 10 décembre 2025 au parc des expositions Mohammed VI d’El Jadida, plus de 250 entreprises issues de 20 pays et plus de 1.000 participants, confirmant l’événement comme «l’un des rendez-vous majeurs du calendrier ferroviaire international» selon le communiqué des organisateurs.

Dans ce cadre stratégique où décideurs, industriels mondiaux et acteurs institutionnels se retrouvent pour échanger sur les mutations du transport ferroviaire, l’intervention de Mohamed Rabie Khlie, directeur général de l’Office national des chemins de fer, a donné le ton d’une ambition nationale qui est de consacrer le Maroc comme pôle ferroviaire continental et locomotive d’innovation.

Dès l’ouverture, M. Khlie a replacé le rail marocain dans la dynamique de transformation portée par le Souverain depuis plus de deux décennies. «En une décennie, le Maroc a réussi le pari de voir s’installer et se développer des industries telles que l’automobile et l’aéronautique […] Mais la clé de voûte demeure essentiellement la vision clairvoyante de Sa Majesté le roi Mohammed VI», a-t-il rappelé, soulignant que cette vision a permis l’émergence d’infrastructures, de compétences et d’un climat d’investissement capables d’aligner le pays sur les standards des économies industrielles avancées.

Cette 4ème édition, organisée par l’AMDIE, le Cluster Moroccan Traindustry (MTI) et Advanced Business Events (ABE), en partenariat avec l’ONCF, se tient à un moment déterminant pour le secteur. Le communiqué insiste sur l’importance de ce forum comme «plateforme stratégique» favorisant partenariats, innovation et développement industriel. Le Maroc y apparaît non seulement comme marché attractif, mais comme futur centre de fabrication, d’ingénierie et de technologies ferroviaires pour l’Afrique.

Dans son intervention, M. Khlie a rappelé les résultats qui témoignent de la solidité de cette trajectoire. Le réseau national devrait atteindre près de 56 millions de voyageurs à la fin de l’année 2025, selon les données officielles, prolongeant une progression déjà remarquable.

«Le nombre de voyageurs transportés en 2024 dépasse les 55 millions contre 38,5 millions en 2019», a souligné le directeur général. La seule ligne à grande vitesse Al Boraq enregistre désormais 5,5 millions de voyageurs, contre 3 millions avant la pandémie, symbole d’une appropriation rapide par les usagers et d’un repositionnement profond du rail dans les mobilités marocaines.

Cette dynamique soutenue sert de fondation à un programme d’investissement sans précédent. M. Khlie l’a présenté comme le socle d’une véritable «évolution-révolution» pour le pays, annonçant un plan global de 96 milliards de dirhams à l’horizon 2030. L’enveloppe prévoit notamment l’extension de la ligne à grande vitesse de Kénitra à Marrakech, «pour un investissement de 53 MMDH» en infrastructures et équipements, ainsi que l’acquisition de «168 nouveaux trains pour un montant de 29 MMDH», destinés à renouveler le parc et accompagner l’essor des lignes classiques et régionales.

Cette feuille de route inclut aussi un vaste programme de maintien de la performance du réseau traditionnel et la préparation des futures lignes de proximité RER dans les grandes régions du Royaume.

Ces choix placent le Royaume en tête des projets ferroviaires structurants sur le continent. Il rappelle que le Maroc dispose déjà du réseau le plus développé du Maghreb et du deuxième en Afrique, tout en pilotant simultanément deux chantiers majeurs notamment l’exploitation de la première LGV africaine et la construction d’un nouveau corridor à grande vitesse de 430 km entre Kénitra et Marrakech. Cet engagement massif en faveur d’une mobilité durable, rapide et connectée s’inscrit dans une stratégie de long terme visant à faire du Royaume un hub ferroviaire régional et international.

Mais au-delà de l’infrastructure, l’enjeu de souveraineté industrielle occupe désormais une place centrale. Selon M. Khlie, le carnet de commandes national, notamment en matière de matériel roulant, a été conçu pour intégrer «une forte composante de compensation industrielle». Les partenariats avec les grands constructeurs mondiaux dont Hyundai Rotem, Alstom, CAF, Siemens Mobility, Wabtec et d’autres acteurs présents à El Jadida, doivent permettre de bâtir une véritable industrie ferroviaire marocaine, capable à terme de «rayonner sur le continent et au-delà».

Par La Rédaction
Le 10/12/2025 à 19h51