Le textile marocain face aux turbulences mondiales

Chaîne de production dans une usine de confection de prêt-à-porter, à Tanger.

Revue de presseEntre défis structurels et opportunités de diversification, le textile marocain cherche à consolider sa position tout en explorant de nouveaux horizons à l’international. Le Royaume doit aujourd’hui composer avec un recul des exportations et une dépendance accrue à l’Europe. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 02/09/2025 à 19h15

Après une période de stabilité relative, l’industrie textile mondiale est de nouveau confrontée aux effets de la guerre commerciale initiée par Washington. Les mesures protectionnistes mises en place par l’administration Trump ont perturbé les échanges entre grandes puissances, incitant Pékin à renforcer ses liens avec Moscou et New Delhi.

Ces tensions se sont rapidement répercutées sur l’ensemble des chaînes d’approvisionnement. Le Royaume, intégré depuis plus de vingt ans dans les circuits mondiaux de l’habillement, mesure aujourd’hui la vulnérabilité de son modèle, écrit le quotidien Les Inspirations Eco.

Pendant la crise sanitaire, ses exportations avaient pourtant montré une certaine résilience, soutenues par un positionnement rapide sur le segment du fast-fashion. Les industriels marocains ont tiré parti du mouvement de relocalisation partielle (Nearshoring) qui a conduit les grandes marques à réduire leur dépendance à l’Asie. Les exportations nationales sont passées de 36,4 milliards de dirhams en 2021 à 43,9 milliards en 2022, puis se sont stabilisées autour de 46 milliards en 2023 et 2024.

Malmené par la guerre commerciale, le secteur évolue désormais dans un environnement incertain, lit-on. À fin juillet, les exportations textiles marocaines ont enregistré un recul de 3,3%, soit 27 milliards de dirhams, représentant un écart de 909 millions par rapport à l’année précédente. Cette baisse met en lumière la dépendance structurelle du Royaume à un nombre limité de marchés, principalement l’Espagne et la France, qui absorbent plus de la moitié des expéditions.

Si l’Union européenne représente toujours l’essentiel des flux, certains segments comme le sportswear et le textile technique offrent de nouvelles opportunités. Cependant, l’habillement traditionnel reste soumis à la concurrence du Bangladesh et du Vietnam, dont les coûts restent inaccessibles pour les fabricants locaux.

Hors UE, la percée sur le marché nord-américain demeure limitée, malgré une visibilité accrue lors des salons professionnels, a souligné Les Inspirations Eco. Selon les statistiques de l’AMITH, la robe demeure le produit phare des exportations marocaines, atteignant 1,8 milliard de dirhams à fin avril 2025, en hausse de 2 % sur un an. Le chemisier suit, avec 1,5 milliard, puis le pantalon (1,35 milliard, -14 %) et le tee-shirt (1,19 milliard).

Cette répartition souligne la spécialisation historique du Royaume dans l’habillement féminin, et la sensibilité du secteur aux décisions rapides des donneurs d’ordre européens. Pour diversifier ses débouchés, la filière multiplie les initiatives.

L’AMITH a récemment mené une mission à Varsovie pour explorer des coopérations avec la Pologne et renforcer sa présence en Europe centrale. Outre-Atlantique, onze entreprises marocaines ont participé au salon Première Vision à New York, mettant en avant la diversité de l’offre nationale. À Düsseldorf, une mission B2B a consolidé la visibilité des produits marocains sur le marché allemand, où la qualité et l’engagement RSE des entreprises ont été salués. Est-ce assez? Pas si sûr.

Par La Rédaction
Le 02/09/2025 à 19h15