Pour Leila Benali, la date du 31 octobre 2021, correspondant à la rupture des livraisons du gaz algérien via le Gazoduc Maghreb-Europe (GME), est perçue comme une «opportunité» pour asseoir les bases d’un nouvelle feuille de route pour le développement du gaz naturel au Maroc.
Si nous voulons augmenter la part des énergies renouvelables (ER) dans le mix énergétique national, le Maroc a besoin de multiplier les centrales à cycle combiné (solaire, éolien, gaz naturel), à l’instar du modèle adopté par les deux centrales de Ain Beni Mathar et de Tahaddart. Celles-ci, qui se trouvent à l’arrêt depuis l’arrêt du GME, contribuent à hauteur de 10% de la production électrique nationale.
Depuis novembre dernier, le Maroc a ouvert des consultations, soit avec des pays fournisseurs, soit avec des gestionnaires de portefeuille, pour avoir accès au marché international et sécuriser l’approvisionnement du Royaume en gaz naturel, a affirmé Leila Benali.
Entre-temps, le problème lié au transit du gaz a été réglé, a ajouté la ministre en insistant pour rappeler que le Maroc ne va pas s’approvisionner ni du marché espagnol, ni de celui européen. L’Espagne va juste mettre à la disposition du Maroc ses infrastructures (tronçon espagnol du GME, unités de regazéification) pour acheminer le gaz vers le Maroc en inversant les flux du GME.
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Dans la gestion de ce dossier, les autorités marocaines ont tenu à séparer le chantier des infrastructures (reverse flow, FSRU, etc) de celui des négociations ouvertes pour avoir accès à la molécule.
«Sur la partie molécule, le Maroc est déjà entré sur le marché international du gaz naturel liquéfié. Les équipes marocaines se sont mises face à des traders chevronnés et ont pu développer une capacité de négociation qui n’existait pas avant. Le Maroc n’avait jamais acheté le GNL», a expliqué la ministre.
«Malgré les volumes, il y a eu un engouement pour le marché marocain. Nous avons reçu des dizaines de réponses. Il s’agit de contrats à moyen terme», a assuré Leila Benali, sans s’attarder sur les détails de ces contrats (prix, quantité, pays fournisseur).
«Je ne fais pas partie de la commission ad-hoc chargée du dossier de gaz», a lancé la ministre, ajoutant que l’annonce de la date des premières livraisons est attendue dans les jours qui viennent.
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Concernant les infrastructures qui serviront de transit pour le gaz destiné au Maroc, Leila Benali affirme avoir ouvert des discussions avec ses homologues espagnols et français, bien avant le début du conflit russo-ukrainien, en les invitant à travailler ensemble pour optimiser l’usage des gazoducs ou unités de regazéification qui sont soit sous-utilisées, soit non utilisées.
En parallèle, le ministère a estimé que la souveraineté énergétique en matière de gaz naturel passe nécessairement par le développement d’une usine de regazéification installée dans l’espace maritime marocain. D’où le lancement, par l’Agence nationale des ports (ANP), des études préalables à la construction d’un terminal méthanier au port de Mohammedia, équipé d’une unité de transformation du gaz liquéfié en gaz naturel. «Nous avions le choix, poursuit-elle, entre le port de Mohammedia et celui de Nador. Il a fallu donner aux industriels le temps nécessaire pour faire leur calcul avant de choisir l’emplacement de la future unité flottante».
«Le but n’est pas uniquement de recevoir le gaz naturel. Nous devons construire une infrastructure du XXIe siècle, qui va nous permettre d’avoir une énergie compétitive au niveau du secteur électrique, mais aussi pour le secteur industriel», a précisé Leila Benali, sans omettre de souligner l’importance qui sera accordée à l’énergie issue de l’hydrogène.