«L'explosion des prix du gaz en Europe provoquée par la guerre Russie-Ukraine remet en cause la décision du Maroc de se fournir en Espagne, après l'arrêt des livraisons algériennes. Les autorités marocaines ont ralenti le projet d'inversion du gazoduc Maroc-Espagne et d'installation d'une barge flottante», rapporte Africa Intelligence dans sa dernière édition électronique.
Pour étayer ces propos, le bulletin d’informations parisien indique que les statuts de Metragaz, société chargée de la maintenance et de l’exploitation du gazoduc, n’ont pas changé et que le conseil d’administration de celle-ci «est toujours dominé par des représentants de Naturgy, le groupe espagnol détenant 76,8 % de la société, devant le portugais Galp Energia (22,6 %) et l'Onhym (0,68 %)».
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Contactée par Le360, une source à l’Office national des hydrocrabures et des mines (Onhym) dément catégoriquement ces informations et tient à rappeler que l’office public a repris intégralement la gestion du pipeline GME depuis le 1er novembre dernier.
Mieux encore, ajoute cet interlocuteur, le 1er février dernier, l’Onhym a repris la société Metragaz et assure, depuis, la gestion de la maintenance et de la sécurisation du gazoduc, avec une équipe dédiée.
«La société Metragaz n’existe plus. Elle a été liquidée par les actionnaires et son personnel déjà indemnisé», poursuit la même source.
La société Metragaz, créée en juillet 1992, avait, rappelons-le, pour mission de mettre en œuvre les travaux de construction, puis suite à la mise en service du GME, d’assurer les activités d’exploitation et de maintenance des installations du gazoduc. Avant de passer dans le giron de l’Onhym, son actionnariat était composé de l’espagnol Naturgy (77%), du portugais Galp Energia (22%) et de l’Onhym (0,68%).
Par ailleurs, évoquant le scénario d’inversion du GME, Africa Intelligence estime que «les travaux d'adaptation de l'infrastructure ne devraient pas commencer avant longtemps». «Aucune étude amont n'a été lancée, ni par l'ONHYM, ni par Metragaz, ni par Enagas. Rabat a donc bien peu de chances de commencer à recevoir du gaz d'Espagne cet été, date évoquée - de manière informelle - dans les discussions avec Madrid, pour alimenter ses deux centrales à cycle combiné d'Aïn Beni Mathar (472 MW) et Tahaddart (384 MW), dans l'Est du pays. Or le pic de consommation d'électricité a lieu pendant la saison estivale, du fait de l'usage de la climatisation», renchérit le bulletin d’informations.
Interrogé à ce sujet, notre source à l’Onhym réfute totalement ces allégations, assurant que «les actions nécessaires de préparation du gazoduc sont déjà réalisées».
Dans un précédent article, citant une source proche de ce dossier, Le360 a indiqué que «l’Onhym a organisé en concertation avec l’Etat et l’ONEE la mise en place des moyens techniques et réglementaires pour l’inversion des flux du gazoduc. Mieux encore, pour la première fois, le régulateur espagnol a mis en place un tarif de sortie par le gazoduc GME vers le Maroc, comme c’est le cas vers le Portugal ou la France. «La solution d’inversion des flux pourrait être mise en œuvre sans délai, si la décision était prise pour cela», a précisé la même source.