Le Maroc accélère sa transition vers une mobilité multimodale

Le train à grande vitesse Al Boraq.. KOUKABY

Revue de presseLe Maroc mise sur la mobilité multimodale pour transformer son économie. Tramways, autocars, TGV et bientôt de nouvelles gares interconnectées : sous l’impulsion royale, le Royaume déploie un vaste programme d’infrastructures ferroviaires et urbaines. Objectif: réduire le coût logistique, renforcer la compétitivité et préparer l’échéance du Mondial 2030. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 25/09/2025 à 21h52

La mobilité est devenue l’un des moteurs essentiels de l’économie marocaine. Depuis quelques années, le Royaume s’est engagé dans la construction d’une véritable offre de transport multimodal, avec l’ambition de réduire le coût logistique, actuellement proche de 20% du PIB, à seulement 12% à l’horizon 2035, comme le recommande le Nouveau modèle de développement.

Sous l’impulsion royale, le pays s’est doté d’un écosystème diversifié qui combine tramways, réseaux d’autocars, lignes ferroviaires régionales et trains à grande vitesse, écrit le magazine Challenge dans une analyse dédiée. Cette stratégie, à l’image des grandes économies émergentes, vise à moderniser la mobilité urbaine, fluidifier les déplacements et renforcer la compétitivité logistique du Maroc.

Parmi les leviers majeurs de cette transformation, le secteur ferroviaire occupe une place centrale. Le 24 septembre 2025, à Casablanca, Sa Majesté le roi Mohammed VI a lancé un vaste programme d’infrastructures ferroviaires de 20 milliards de dirhams, inscrit dans un plan global de 96 milliards. Objectif: élargir et moderniser le réseau ferré pour relier efficacement les grandes agglomérations, tout en favorisant un transport collectif durable à faible empreinte carbone.

Le projet phare de cette nouvelle génération d’infrastructures est la future gare Casablanca-Sud, qui pourra accueillir 12 millions de passagers par an. Conçue comme un hub intermodal, elle connectera TGV, lignes régionales, métro de surface et liaisons express vers l’aéroport Mohammed V. Deux autres gares stratégiques verront également le jour, l’une à Benslimane, près du Grand Stade Hassan II, et l’autre directement intégrée à l’aéroport de Casablanca, portant leur capacité cumulée à 17 millions de voyageurs par an.

Cité par Challenge, Hicham Kasraoui, expert à l’Institut marocain de l’intelligence stratégique (IMIS), explique que «partout dans le monde, les projets de mobilité agissent comme de puissants moteurs économiques». D’une part, ils génèrent une activité immédiate en matière de construction, d’aménagement urbain et d’équipements, créant ainsi des emplois et stimulant les fournisseurs. D’autre part, leur exploitation contribue à dynamiser les bassins d’emploi et à révéler le potentiel économique de territoires longtemps sous-exploités.

Cette stratégie ne date pas d’hier. Dès 2006, le Maroc a élaboré un schéma directeur pour la grande vitesse ferroviaire, complété en 2014 par le Plan Rail Maroc 2040. Ce document de référence prévoit l’extension du réseau à grande vitesse sur 1.500 km et la modernisation globale du réseau ferré.

Dans cette continuité, l’ONCF a récemment consolidé l’acquisition de 168 trains, dont 18 TGV, pour un montant de 2,8 milliards d’euros. Ces investissements s’inscrivent dans un programme global de 8 milliards d’euros prévu entre 2024 et 2030. Parmi les priorités, préparer la co-organisation de la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal, renforcer les liaisons interurbaines (Fès-Marrakech, Kénitra-Fès) et déployer 5 lignes de type RER autour de Casablanca, lit-on.

Si l’ambition quantitative est manifeste, d’autres enjeux restent déterminants. Accessibilité pour l’ensemble des territoires, transition vers une mobilité verte, intégration des technologies intelligentes pour la gestion des réseaux: autant de défis qui conditionneront le succès de ces investissements.

«Au-delà de l’infrastructure, deux questions s’imposent», souligne Hicham Kasraoui: «Comment garantir une justice spatiale dans l’offre de mobilité? Et comment tirer parti de cet essor pour développer une véritable industrie locale des matériels roulants?»

Par La Rédaction
Le 25/09/2025 à 21h52