Le secteur avicole marocain traverse une crise silencieuse avec l’envolée des prix des poussins. Alors que leur coût unitaire n’excédait pas 3 à 4 dirhams il y a quelques années, il dépasse aujourd’hui 13 dirhams.
Cette hausse jugée injustifiée, vu l’abondance des poules reproductrices productrices des œufs fécondés, alourdit les charges des éleveurs et renchérit le prix du poulet vendu au consommateur.
Les éleveurs, maillon faible de la filière
Pour les petits producteurs, la situation devient intenable. À titre d’exemple, Youssef Bouzine, éleveur près de Sefrou, souligne que le coût de production d’un kilo de poulet atteint désormais 17 dirhams, soit exactement le prix auquel il est écoulé sur le marché. Résultat: aucun bénéfice pour les éleveurs, tandis que seuls les couvoirs en tirent profit.
Un marché dominé par les grands acteurs
Selon Abdelkhalek Makhtoum, vice-président de l’Association nationale des producteurs de viandes de volaille, les prix ne répondent plus uniquement à la loi de l’offre et de la demande.
Le renchérissement des poussins a poussé nombre de petits et moyens éleveurs à abandonner, laissant davantage de place aux grandes entreprises qui consolident leur contrôle sur le marché et influencent les prix, tant des poussins que du poulet.
Des charges en constante hausse
Parmi les facteurs aggravants figurent la cherté des aliments composés, en dépit de la baisse des matières premières sur le marché mondial, ainsi que le coût élevé des médicaments, du gaz et même de l’eau, devenue une ressource rare que les éleveurs sont contraints d’acheter dans plusieurs régions après des années de sécheresse.
Les séquelles des épisodes de grippe aviaire ont également contribué à maintenir le prix des poussins à un niveau élevé, rarement inférieur à 12 ou 13 dirhams.
Les données de la direction du développement des filières de production, relevant du ministère de l’Agriculture, montrent que les importations de reproductrices pondeuses ont dépassé 400.000 unités en août dernier, contre seulement 216.000 à la même période de l’année précédente. Pourtant, cette hausse de l’offre n’a pas entraîné de baisse des prix, signe que le marché reste largement contrôlé.
Une menace pour l’avenir du secteur
Les professionnels estiment que la persistance de cette situation fragilise le maillon le plus vulnérable de la filière et le pousse vers la faillite. À terme, ce déséquilibre se répercute sur le consommateur final, contraint de payer son poulet plus cher, sans que les éleveurs n’en retirent le moindre bénéfice.








