La flexibilité du dirham décortiquée par un expert

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Revue de presseKiosque360. On s’avance peu à peu vers le nouveau régime de change qui devrait entrer en vigueur sous peu. Plusieurs interrogations accompagnent cette réforme. Stéphane Colliac, économiste senior en charge de la France et de l’Afrique chez Euler Hermes, explique les zones d’ombres qui subsistent.

Le 09/07/2017 à 21h38

C’est le sujet qui domine l’actualité économique du pays depuis quelques semaines. L’entrée en vigueur de la flexibilité du dirham n’est plus qu’une question de semaines. Bank Al Maghrib et le ministère de l’Economie et des Finances avaient annoncé une conférence de presse pour la fin du mois de juin à ce sujet, mais le rendez-vous avait finalement été annulé.

Depuis, d’aucuns se posent des questions. Ainsi, dans sa livraison du 10 juillet, L’Economiste est revenu sur le sujet, à travers une interview avec Stéphane Colliac, économiste senior en charge de la France et de l’Afrique chez Euler Hermes, le spécialiste de l’assurance-crédit. Et, pour ce dernier, les hésitations des autorités monétaires ne sont pas du tout surprenantes. Il explique que le passage d’une phase où le taux de change est fixe à un plus grand élargissement de la bande de cotation dans le calme s’effectue avec beaucoup de précautions.

«Dans ce genre de réforme, il faut sauter le pas, mais la prise de risque est toujours difficile», souligne l’expert. Il estime aussi que, pour les entreprises, les couvertures se développeront et deviendront de vrais instruments, une fois que tous les paramètres de cette réformes auront été mis en place. Pour lui, le marché ne peut pas se passer des spéculateurs puisqu’ils en constituent l’activité. Au sujet des craintes et spéculations qui entourent cette réforme, Stéphane Colliac souligne qu’elles sont liées à l'annonce qui en a été faite. Il estime d’ailleurs que cela est une erreur.

«Un pays qui régule les flux de capitaux et les opérations de change n’a pas à annoncer le passage vers plus de flexibilité. Il faut sauter le pas sans l’annoncer à l’avance», soutient-il. «Le mésalignement du taux de change peut se traduire par des pertes élevées et il faut éviter la constitution de positions trop unilatérales», prévient Stéphane Colliac, qui ajoute que le risque systémique existe. Pour lui, à terme, la probabilité d’une dépréciation du dirham est plus importante.

«Il faut que la banque centrale parvienne à mettre en place un vrai flottement pour éviter le mouvement unidirectionnel. Les pressions à la dépréciation pourraient aboutir à des spéculations sur l’élargissement de la borne», ajoute l’expert qui souligne que des entreprises pâtiront de cette réforme, notamment celles qui subiront des pertes de change conséquentes. 

Par Ismail Benbaba
Le 09/07/2017 à 21h38