L’excellence de la coopération maroco-espagnole a réussi à déjouer l’acte hostile de l’Algérie, qui, en coupant les livraisons du Gazoduc Maghreb-Europe vers fin octobre 2021, a cherché à se servir du gaz comme d’une «arme diplomatique et géostratégique» contre le Maroc.
Pour pallier l’arrêt des flux du gaz algérien (qui contribuait à hauteur de 10% au mix électrique national), le Maroc a demandé à l’Espagne d’étudier l’opportunité d’utiliser les installations de regazéification espagnoles et d’inverser les flux du GME. «Le gouvernement Sanchez ne s’y est pas opposé. Les flux acheminés via le GME ont augmenté considérablement pour passer de 60 GW/heure en juin 2022 à 1.882 GW/heure à la mi-janvier 2023. Résultat: les exportations des hydrocarbures vers le Maroc ont bondi de 821% de juin à novembre 2022», a rapporté le média espagnol The Objective.
Dans sa réponse à une question des députés du Parti populaire, l’exécutif a estimé que si le niveau actuel des exportations est maintenu, l’accès aux réseaux espagnols et à la regazéification devrait coûter au Maroc jusqu’à 2 millions d’euros, sans compter les frais liés au déchargement des navires, au stockage du gaz naturel liquéfié (GNL) et à l’utilisation du réseau de transport.
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Interrogé sur le coût que le Maroc paie pour le service de regazéification dans les usines espagnoles, le gouvernement a souligné que l’opérateur chargé d’expédier le gaz vers le Maroc paie, à l’instar des autres entreprises, les tarifs en vigueur qui ont été approuvés par la Commission nationale des marchés et de la concurrence dans sa résolution du 19 mai de l’année dernière, laquelle a défini les tarifs au titre de l’année 2023. En effet, indique la même source, le tarif annuel contractuel des prestations de regazéification comprend une partie fixe de 0,083560 euros kWh/jour et une partie variable de 0,000057 euro pour chaque KWh regazéifié, soit le même tarif facturé à d’autres pays comme le Portugal ou la France. «Il n’y a donc pas de traitement préférentiel pour le Maroc», précise la même source.
Interpellé sur la provenance du gaz expédié vers le Maroc, le gouvernement espagnol a rappelé que l’opérateur en charge de ces exportations «est libre de choisir l’origine du gaz exporté», bien que, «pour plus de certitude», le gestionnaire du système technique –relevant de la société publique Enagás– a été «chargé de vérifier son origine». Enagás dispose d’un système complexe pour mesurer chaque molécule de gaz transportée. Cela lui permet de s’assurer que le gaz destiné au Maroc ne provient pas de gisements algériens .
Le parcours suivi depuis l’arrivée du GNL par les méthaniers jusqu’aux usines de regazéification espagnoles est simple. Une fois la cargaison déchargée, celle-ci est regazéifiée pour être convertie en gaz naturel afin qu’elle puisse être transportée via le GME. Cette opération a un coût économique payé par le système gazier espagnol (Enagás et Redexis), qui le répercute à son tour sur l’importateur marocain (ONEE).